Dr Martin Henkelmann, Directeur Général de l’AHK Tunisie et Ibrahim Debache, Président de l’AHK Tunisie ont présenté hier à Tunis l’enquête annuelle de l’AHK Tunisie sur la situation et les perspectives des entreprises allemandes en Tunisie qui a concerné 200 entreprises sur 250 entreprises allemandes ou à participation allemande installées en Tunisie.
Ce baromètre montre que les attentes de celles-ci, tous secteurs confondus, sont plus positives pour l’année 2017 que pour l’année dernière. « Ce baromètre est très important pour promouvoir le site Tunisie en Allemagne à travers plusieurs activités qui seront organisées dans plusieurs villes allemandes en 2017 », a affirmé Dr Martin Henkelmann.
Les entreprises textiles souffrent
Tous secteurs confondus, la part des entreprises dont le chiffre d’affaires a augmenté en 2016 est resté, à hauteur de 53%, plutôt stable par rapport à l’année précédente (56%). Toutefois, la situation au sein du secteur textile n’est pas optimiste. La situation floue des entreprises du textile se reflète dans les prévisions pour leur effectif. 12.9% ne pouvaient pas encore se prononcer sur ce sujet. Seulement 19.4% des entreprises textiles prévoient une augmentation de leurs investissements.
De manière globale, pour l’année 2017, 48% des entreprises s’attendent à une amélioration du chiffre d’affaires, contre 37% en 2016. En 2016, 38% des entreprises, quel que soit le secteur d’activité, ont augmenté leurs effectifs contre 28% en 2015.
Au niveau des investissements, les entreprises restent en attente. Bien que la part des entreprises souhaitant investir en 2017 est passée de 33% en 2016 à 38% en 2017, 12% des entreprises ont toutefois mentionné réduire leur volume d’investissement par rapport à l’année précédente.
Instabilité fiscale !
L’atout principal de la Tunisie reste bel et bien, pour 85% des entreprises allemandes implantées dans le pays, la proximité géographique avec l’Europe. Loin derrière, les coûts de production compétitifs du pays sont considérés, par 45% des entreprises interrogées, comme le deuxième atout principal de la Tunisie. 43% des participants à l’enquête apprécient le bon niveau de formation. Plus de 28% des entreprises ont cité les conditions cadres fiscales comme avantage du pays contre encore 44% l’année dernière.
Pour Brahim Debache, ces chiffres reflètent la perte d’attractivité de la Tunisie comme site d’investissement en raison de l’expiration des avantages fiscaux pour les entreprises totalement exportatrices et l’instauration de la contribution exceptionnelle conjoncturelle, rétroactive pour l’année 2016. « Il faut qu’on soit vigilant. Il y a une instabilité fiscale. Il y a des décisions gênantes», précise M. Debache.
Les plus grands handicaps de la Tunisie sont, selon les entreprises allemandes, l’insécurité politique (78%) et sociale (76%). Un autre handicap important mentionné depuis des années dans le cadre de cette enquête sont la réglementation excessive et la rigidité de l’administration (59%).
Rigidité administrative encore élevée
Cela se confirme dans les réponses quant aux répercussions sur l’activité propre des entreprises. Plus de la moitié des entreprises allemandes (54%) ont subi des conséquences négatives en raison de la rigidité administrative et des procédures d’autorisation difficiles.
« Les investisseurs sont très réticents à l’égard de la bureaucratie. La rigidité administrative est en baisse mais reste tout de même élevée », ajoute le président de l’AHK.
Une simplification des structures administratives et une prise de décision plus ferme sont d’ailleurs les principales revendications des entreprises envers le gouvernement, affirme Dr Martin Henkelmann. Pour lui, il y a des points positifs dans le nouveau Code d’investissement avec des idées qui incitent les investisseurs. Optimiste, M. Henkelmann a fait savoir qu’il y aura des investissements allemands dans la mécatronique, l’électronique, l’industrie pharmaceutique, les services et les énergies renouvelables.
Les principales suggestions des entreprises allemandes implantées en Tunisie concernent l’amélioration du travail de l’administration, notamment la simplification des procédures administratives.
Les entreprises allemandes continuent à investir dans le capital humain de demain. 66% des entreprises forment des jeunes gens. 60% d’entre elles collaborent avec un centre de formation professionnelle public.
Au niveau du travail de l’Union Européenne, 66% des entreprises qui ont participé à l’enquête souhaitent qu’elle soutienne la Tunisie au niveau de la sécurité. Parmi les autres domaines dans lesquels l’UE pourrait contribuer à l’amélioration du cadre économique, l’on peut citer une plus grande ouverture du marché européen pour les produits tunisiens (49%).
Répercussions de l’ALECA
En ce qui concerne l’Accord de Libre-Echange Complet et Approfondi (ALECA), 32% des entreprises s’attendent à des répercussions positives sur leur activité. Plus de la moitié des entreprises (53%) ne peut cependant pas encore se prononcer sur le sujet.
Une comparaison entre les entreprises actives sur le marché local et les entreprises totalement exportatrices montre qu’aucune entreprise totalement exportatrice ne s’attend à des répercussions négatives contre 5% des entreprises locales. 45% des entreprises locales s’attendent à des répercussions positives contre 28 % des entreprises totalement exportatrices (29% en 2016).