Séisme diplomatique au Moyen-Orient, Ryad, Abou Dhabi et Manama, trois Etats du Golfe et l’Egypte ont rompu lundi 5 juin leurs relations avec le Qatar, accusé de soutenir le « terrorisme ». Ils ont décidé de l’isoler en fermant leurs frontières avec ce riche émirat.
Ryad, Abou Dhabi et Manama ont justifié la rupture de leurs relations diplomatiques avec le Qatar par son « soutien au terrorisme », y compris Al-Qaïda, le groupe Etat islamique (EI) et la confrérie des Frères musulmans.
« Le Qatar accueille divers groupes terroristes pour déstabiliser la région, comme la confrérie des Frères musulmans, Daech (acronyme en arabe de l’EI) et Al-Qaïda », a souligné Ryad. Cette mesure a été saluée par le gouvernement du président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi qui a aussi rompu avec Doha.
Il l’accuse de soutenir – malgré sa participation à la coalition arabe – ses adversaires, les rebelles Houthis. Cette rupture des relations intervient 15 jours après une visite à Ryad du président américain Donald Trump qui avait exhorté les pays musulmans à se mobiliser contre l’extrémisme.
A ce sommet, une mise au point a vraisemblablement eu lieu, entre le Président Donald Trump et ses partenaires.
Le Qatar, qui affirme son rôle régional, soutenait « l’islam politique » et faisait valoir ses choix idéologiques, parmi les protagonistes, en Egypte, Syrie, Libye, au Yémen et bien au-delà. Caisse de résonance, sa chaîne de télévision Al-Jazira, accueillait les opposants et célébrait les dérives. Son action est confortée par le Centre arabe de Recherches et d’Etudes politiques basé à Doha, créé par l’ancien député Azmi Bishara, qui a fui Israël en 2007. Il dispose d’un siège relais à Tunis.
Première conséquence de cette annonce, la Bourse de Doha a ouvert en forte baisse lundi matin, perdant 7,6% dans la première heure des échanges. Vodafone Qatar était particulièrement affecté avec une baisse de 10% tandis que la Qatar National Bank, première banque du pays, perdait 5,7%.
Avec un fonds souverain de 335 milliards de dollars et un excédent commercial de 2,7 milliards de dollars en avril, le Qatar semble en mesure d’éviter une crise qui affecterait son économie. De plus, l’émirat dispose d’infrastructures portuaires suffisantes qui peuvent être utilisées pour pallier la fermeture de la frontière terrestre avec l’Arabie saoudite.
La dénonciation du Qatar remet en cause son jeu de rôle et affaiblit ses alliés en Libye, en Syrie et parmi toutes les composantes de la mouvance « islam politique ». Prenons la juste mesure de l’impact dans l’aire arabe de cette nouvelle donne. Annoncerait-elle la prochaine restauration de l’ordre arabe, en faveur de ses acteurs internes?
Situation nouvelle, la référence nationale est devenue la planche de salut contre les dérives.
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