Dans un nouvel article publié par l’Observatoire tunisien de l’économie ( OTE ), intitulé « La chute de l’épargne des ménages : une ruée vers l’immobilier », l’économiste Chafik Ben Rouine revient sur la chute du taux d’épargne des familles tunisiennes.
L’article avance qu’entre 2005 et 2012, le taux d’épargne des ménages est resté à peu près constant autour de 11,5 %. Cependant, entre 2012 et 2015, le taux d’épargne des ménages a subi une chute vertigineuse passant de 11.4 % en 2012 à 6.8 % en 2015, soit une chute de 40 % du taux d’épargne des ménages en trois ans.
L’économiste rejette les analyses classiques qui expliqueraient que cette chute est due à une forte augmentation de la consommation des ménages ou à une baisse de leur pouvoir d’achat suite à une forte inflation. Cependant, l’observatoire opte pour une autre explication. « En observant l’évolution de la consommation des ciments ordinaires, et notamment la forte augmentation depuis 2013, une autre hypothèse à creuser serait que les ménages ont utilisé massivement leur épargne pour construire ou aménager leur(s) logement(s) privé(s) » lit-on dans l’article.
Selon le recensement général de la population et de l’habitat de l’INS de 2014, les ménages en Tunisie, dans leur immense majorité, sont propriétaires des logements qu’ils occupent au moment du recensement avec une proportion de 77.2%. Cette proportion s’élève à 91.7% en milieu non communal et dans certains gouvernorats elle frôle 90%. C’est le cas des gouvernorats de Mahdia (88.8%), de Sidi Bouzid (88.6%) et de Jendouba (88.2%). Mieux encore, en milieu non communal de ces gouvernorats, la proportion des ménages propriétaires dépasse 95%. C’est dans le gouvernorat de Tunis qu’on a enregistré la proportion de ménages propriétaires la plus faible ne dépassant pas 61.9%.
Les ménages locataires à la date du recensement, au nombre de 481 000, représentent 17.7% de l’ensemble de ménages dans le pays. Le milieu communal en accapare 451 mille ; soit 93.8% de l’ensemble des ménages locataires et 23.7% de l’ensemble des ménages dans le milieu communal. Le nombre de ménages de ce milieu est de 1901 mille. Les ménages logés gratuitement, dans leur ensemble, représentent grosso-modo 5% des ménages dans le pays.
Les ménages occupant des logements dont ils sont propriétaires comptent à la date du recensement 2095 mille. Plus des ¾ de ces ménages ont pu accéder à la propriété de leur logement par l’auto-construction et seulement 7.6% par l’achat auprès d’un promoteur. En milieu non communal, c’est «l’ auto- construction » qui prédomine avec une proportion de 91.6% de l’ensemble des ménages dans ce milieu. Cependant, le mode de propriété « achat auprès d’un promoteur »qui se situe à 11.1% en milieu communal, ne dépasse pas 1.4% en milieu non communal.
Aussi par gouvernorat, c’est le mode de propriété « auto-construction » qui prédomine dépassant même la proportion de 90% dans les gouvernorats de Sidi Bouzid et Kebili. C’est au gouvernorat de Tunis qu’on a enregistré la proportion la plus faible avec 50% de l’ensemble des ménages propriétaires dans ce gouvernorat. Une autre constatation, non moins importante, est que le District de Tunis se distingue des autres régions par une proportion assez élevée du mode d’accès à la propriété « achat-auprès d’un promoteur ». Cette proportion frôle 20%.
En guise de conclusion, l’économiste s’interroge : « Cette ruée vers l’immobilier serait-elle le signe d’un manque de confiance des ménages dans l’avenir économique du pays ? ».
Il est à noter que les crédits accordés par les banques aux familles tunisiennes ont doublé pour passer de 10,7 milliards de dinars en décembre 2010 à 20.8 milliards de dinars fin mars 2017. Sur un autre volet, les professionnels du secteur du bâtiment avancent que le secteur passe par plusieurs difficultés notamment les prix des matières premières, la hausse des prix des lots de terrain et le manque de main-d’œuvre qualifiée.
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