Kairouan, dimanche 11 juin 2017. Il est à peine 11 heures quand une quinzaine de personnes pénètrent dans le Mausolée de Sidi Sahbi, dit le Barbier, à Kairouan. Il y a là le père et la mère accompagnés de leur enfant, Mounir, âgé d’à peine cinq ans.
Il y a également une nuée de cousins et de cousines, le grand-père et la grand-mère. Tous sont venus assister à la circoncision de l’enfant portant pour l’occasion une djellaba et des babouches blanches.
Chemise grise et pantacourt beige, un photographe épie les faits et gestes des membres de la famille leur intimant souvent l’ordre de se placer ici ou là pour immortaliser l’instant.
Bonbons, amendes et cacahuètes
Installé dans un coin de la salle qui accueille le tombeau de ce combattant du prophète Mohamed (SAS), Abou Zomaa Al Balaoui, le circonciseur a déjà installé un drap blanc par terre et mis sa mallette noire à l’abri du regard de Mounir qui ne se soucie encore de rien.
Le geste sûr et adroit, notre circonciseur termine son travail en moins de cinq minutes. L’enfant a beau pleurer, personne ne l’entend au milieu des youyous qui fusent de partout et du bruit de la gargoulette pleine à craquer de bonbons, d’amendes et de cacahuètes que des enfants s’arrachent dans le patio du Mausolée.
Dehors, et sous un soleil de plomb, presque rien ne bouge. La place du Maghreb arabe est bien déserte en ce dimanche. Exception faite de quatre jeunes demoiselles qui ont trusté un petit coin à côté du mur extérieur de bâtiment. Parlant de tout et de rien.
Etals et autres camions offrent fruits et légumes
Et il faut faire quelques pas en direction du marché du quartier d’ «El Hajem» (le barbier) pour trouver un peu d’animation. Ici, les prix sont on ne peut plus abordables. Le kilogramme de pastèque est à 500 millimes. Celui des pêches est à un dinar et la tomate se négocie jusqu’à 350 millimes le kilo.
Mais nul autre endroit pour prendre le pouls de la ville que celui du quartier des «Nhaïssya» (les marchands et fabricants de produits en cuivre). Tout Kairouan est venu pratiquement faire des achats dans cette partie de la ville où l’on avance très doucement au milieu des étals et autres camions offrant notamment fruits et légumes.
Samir, vingt ans et une solide santé propose quatre melons à seulement un dinar. «Moi, je suis un agriculteur», vocifère-t-il, comme pour expliquer pourquoi il pratique ce prix.
Un marchand de «Kafteji» a changé son fusil d’épaule
Un peu plus loin, un boucher propose, pour sa part, le kilo d’agneau à un prix défiant toute concurrence : 14 dinars 800 millimes. Et comme, peut-être, pour convaincre ses clients qu’il ne triche pas, il a installé devant son magasin trois jeunes moutons.
Encore, un peu plus loin, un marchand de «kafteji» (plat ou sandwich fabriqués avec des pommes de terre, des tomates, des piments verts et des d’œufs) a changé, pour ainsi dire, en ce mois saint du ramadan, son fusil d’épaule : il vend des «makroudh» (gâteau fait d’une pâte à base de semoule de blé et une couche de pâte de dattes). Une pratique du reste assez courante parmi les commerçants de la restauration rapide.
Une bousculade comme il n’en a pas d’autres
La rue qui va des «Nehaïssya» au rond-point du quartier d’«Essayed» (nom donné à Sidi Sahbi) ne désemplit pas. Dans cette partie de Kairouan, beaucoup s’attardent devant la Boulangerie du même nom.
Et pour vivre vraiment un instant clé du ramadan à Kairouan, il faut venir ici, comme dans d’autres boulangeries de la ville («Boufandar», «Barouta», «El Gargabya»,…) à quelques minutes de la rupture du jeûne pour assister à une bousculade comme il n’en a pas d’autres.
Les clients viennent se jeter sur le pain à peine sorti des fourneaux. Il faut dire que les boulangeries kairouanaises vendent jusqu’à une dizaine de pains différents. Dont certains préparés uniquement au cours du mois saint.