Un aperçu sur les prix qu’il « fait » en cette période de Ramadan qui continue son avancée vers les fêtes de l’Aïd. Ronde de « pas perdus » à travers quelques-unes des places marchandes de la capitale.
Dieu comme le temps passe vite. Nous sommes à la mi- ramadan. Avant-hier nous avions fait nos adieux à la première quinzaine du mois de Ramadan. Bientôt les clairons de l’Aïd commenceront à sonner et les préparatifs commenceront et iront crescendo, donnant de la sorte à l’environnement les allures de la fête dont ils ont tellement besoin.
Entre-temps, les journées ramadanesques s’égrènent à la manière avec laquelle elles ont commencé cette année, sans les fioritures de l’occasion ni excès. Plus d’un demi-mois que les choses languissent avec une pesanteur perceptible partout. Une accalmie particulière avec retombées économiques certaines. Tout a contribué cette année pour incruster l’idée que l’ambiance ramadanesque, de tradition « piquante », rebelle et bon enfant a perdu son entrain d’une manière nettement perceptible.
Et c’est dans les rues marchandes, les grandes places ou les lieux d’animation que cela est particulièrement manifeste. Une promenade, même oisive, permet de faire le constat que les commerces ne sont pas à leur meilleure forme. Rythme lent et animation en dents de scie sont les critères d’accueil.
Le subterfuge de la vente par affichage du prix pour le demi-kilo
Nous sommes le samedi 11 juin, 15eme jour du Ramadan. Ronde des pas perdus dans un des circuits commerciaux les plus fréquentés de la capitale. Le marché Sidi Bahri et les rues environnantes. On se serre les coudes du côté de l’avenue de Lyon autour des étals de la fripe. Les prix annoncés sont, il faut le dire, très encourageants.
Les shorts à 10 dinars, les T- shirts à des prix variant de 2 à 7 dinars sont bien tentants. Plus loin et au niveau du marché, il n’y a pas foule autour des étals agrémentés de couleurs et de fruits. Les prix, du moins ceux affichés (ce qui n’est pas souvent le cas), ont de quoi faire réfléchir. Une astuce, de bien mauvais conseil, est pratiquée par les vendeurs pour induire carrément le client en erreur et le pousser à acheter : au lieu d’afficher le prix du kilo pour le produit, les vendeurs affichent le prix du demi-kilo… Ainsi les dattes sont exposées à 4.980 dinars, de belles dattes à tel point que l’on est tenté. Et c’est quand on passe à la commande que l’on découvre le subterfuge et, carrément, l’arnaque. Difficile alors de faire marche arrière et on achète le kilo au double du prix que l’on croyait être le bon.
A l’intérieur du marché Sidi Bahri, une foule clairsemée se fond entre les rangées. Calmement sans se bousculer. Une gêne indicible baigne l’endroit qui, à certains moments, lorgne pathétiquement du côté du temps où, comme on dit avec nostalgie, « rihet romdhan « avait la primeur.
La montée des prix en flèche
La promenade continue. Direction la rue Charles de Gaulle où loge le Marché central. La route y menant n’est pas animée comme à l’accoutumée. Peut-être la chaleur en cette heure de mi-journée ou la pesanteur ramadanesque. Sûrement les deux. Un détour du côté de la rue d’Espagne. Là, le rituel des étals de vendeurs alignés de part et d’autre de la chaussée est on ne peut plus caractéristique de la physionomie (nouvelle) de l’endroit, depuis de cela quelques années.
Un passage « surpeuplé » où se frayer un chemin est chose bien difficile. Ceci sans compter le brouhaha et le vacarme provoqués par les nouveaux tenants de l’endroit, ces multitudes de vendeurs, pour la plupart à la sauvette, qui accaparent la rue. Une rue qui semble avoir perdu à jamais ses couleurs d’antan. Cela ressemble à une gare ou tout confine à la tristesse. La rue d’Espagne…
S’il n’en reste qu’un, ce sera celui-là
A l’intérieur du Marché central, l’on renoue avec les bonnes vieilles traditions qui ont traversé le temps et le souvenir avec la même verve, la même nostalgie. Egal à lui-même, surtout en période ramadanesque, le Marché central donne l’impression d’être la sentinelle d’une époque se refusant à baisser les bras et le gardien d’un héritage ancestral.
Toujours cette ambiance bon enfant où odeurs et parfums se mêlent pour caresser les envies et aiguiser les appétits. Les carrés des crémiers et celui des poissons gardent toujours le statut de vedettes du marché. On s’y bouscule non sans plaisir et avec une convoitise sans cesse renouvelée. Mais le hic des prix, surtout du poisson, est là pour dissuader et réprimer l’envie.
Des prix qui slaloment, bien loin des bourses modestes. Des bribes de phrase attrapées au passage entre les étals, et qui dénotent cette réalité des prix : « Au nom de quoi cette montée en flèche des prix ? », « Cela fait presque une heure que je fais le tour des étals. J’en ai le tournis et n’arrive pas encore à me décider. Les prix dépassent mes capacités »..
Dehors, les prix affichent la grise mine, les bananes à 3.300 D, les dattes à 10 D…
On quitte le marché, sous un soleil de plomb, bousculé par les idées, l’esprit ailleurs et justement ailleurs est-ce différent ?