Un fait avéré. Des inégalités, par strates, caractérisent le parcours universitaire dès la réussite au bac. Ces inégalités concernent particulièrement les élèves issus de milieux modestes. Des inégalités qui ont plusieurs facettes, depuis l’orientation jusqu’à l’insertion sociale.
Dans une excellente étude consacrée aux horizons post-bac, l’institut Afkar, groupe de réflexion qui travaille sur les politiques publiques tunisiennes, a mis en exergue les particularités des choix à faire pour les bacheliers, tous milieux d’origine confondus, en ce qui concerne les filières universitaires à suivre. Tout ceci pour tenter de cerner les contours d’un profil de carrière qui s’impose à ces jeunes qui arrivent sur le marché de l’emploi diplôme en main.
Une question a été posée en préalable à cet essai : le système éducatif tunisien accentue-t-il ou réduit-il les inégalités socioéconomiques ?
L’hypothèse de recherche a consisté à savoir si un enfant d’une famille d’ouvriers s’en sort moins bien ou aussi bien ou mieux qu’un rejeton issu d’une famille de cadres supérieurs. Autrement dit, un enfant d’un milieu modeste a-t-il moins, autant ou plus de chances qu’un enfant d’un milieu aisé ?
A partir des moyennes obtenues par l’ensemble des élèves de la section Mathématiques, lors de la session du Baccalauréat de 2014, l’institut Afkar en arrive à considérer que notre système éducatif ne réduit pas les inégalités socioéconomiques. Cet état de fait, corroboré par le fait que le milieu, moyen , aisé ou même modeste, n’influe pas décisivement sur les résultats, accrédite l’idée que le bac tunisien, comme le remarque l’étude, s’apparente plus à un concours qu’à un examen.
Toutefois, les sections Lettres, Economie et Gestion apparaissent, quant à elles, plus « égalitaires » à ce propos. L’étude pousse l’analyse dans ce sens et finit par considérer que cette « égalité » est de façade car cachant en fait une « inégalité ». Et de citer à ce propos un rapport établi par le ministère de l’Education, lequel souligne que ces sections ont les taux de réussite les plus bas d’où , en réalité, la faiblesse de leur attraction et l’impact réduit auprès des élèves puisque ayant la possibilité de choisir d’autres sections, plus gratifiantes à leurs yeux.
Par conséquent, très peu d’élèves, issus de milieu favorisé, ne postulent pour ces sections, préférant de loin les sections mathématiques et sciences expérimentales.
L’étude émet la remarque qu’il est possible de réformer cette approche et de changer cette donne, et donc de faire en sorte que le système éducatif soit le moins inégalitaire en veillant à améliorer ( à l’instar de ce qui a été fait avec succès à l’étranger, telles l’Italie, la Suisse..) la situation des enfants issus de milieux modestes.
Les inégalités dont il est question sont de plusieurs sortes : inégalités sociales, de traitement, de résultats, d’orientation, de diplomation et, enfin, d’insertion professionnelle.
Et l’étude de conclure que notre système éducatif accentue les inégalités socioéconomiques.