Le gouvernement d’union nationale est parvenu à élaborer un accord avec les sit-inneurs d’El Kamour pour résoudre la crise qui dure depuis plusieurs semaines, et ce, avec la médiation du secrétaire général de l’UGTT, Noureddine Tabboubi.
Suite aux négociations menées hier soir à Tataouine avec le ministre de l’Emploi et de la formation professionnelle, Imed Hammami, cet accord comporte des clauses sur le recrutement des jeunes de la région au sein des compagnies pétrolières.
Néanmoins, un bémol sur l’identité des signataires de cet accord est survenu au cours des négociations, le représentant du Gouvernement ayant refusé que le père d’Anouar Sakrafi, proposé par les sit-inneurs, signe le procès-verbal de l’accord. Ces derniers ont d’autre part refusé les 370 contrats à durée déterminée (CDD) appelant à des contrats à durée indéterminée (CDI) au sein des compagnies pétrolières.
De ce fait, l’accord n’a pas été finalisé lors de ce deuxième round. Et c’est la raison pour laquelle les négociations ont redémarré ce matin, pour finir par la signature d’un accord.
Clauses de l’accord:
- Reprise immédiat de la production;
- Levée du sit-in;
- Réouverture de la route d’El Kamour;
- Recrutement d’un membre de la famille du martyr Anouar Sakrafi et d’un membre de la famille du blessé Abdallah Elaway;
- Affectation de 1500 personnes au sein des compagnies pétrolières, soit 100 en juillet, 150 en septembre, 200 en octobre, 400 en novembre et 150 en décembre 2017;
- Adoption de la subvention de recherche de travail de 500 DT à la disposition des recrutés des compagnies pétrolières à partir de septembre prochain, en attendant qu’ils occupent leurs postes. Cette bourse sera accordée sur le Fonds de développement ayant pour budget 80 millions de dinars;
- Intégration des 370 travailleurs de la Société Tunisienne de l’Environnement (STE) à la fin de leur CDD;
- Recrutement de 1500 personnes au sein de la STE en juin 2017, 1000 en janvier 2018 et 500 en janvier 2019;
- L’Etat renonce à poursuivre les sit-inneurs.
Coût de la crise
Contacté par leconomistemaghrebin.com, Fethi Nouri, universitaire et spécialiste en énergie, est revenu sur les coûts du sit-in d’El Kamour qui a duré plusieurs semaines.
Dans ce sens, il a affirmé que les pertes sont estimées à environ 24 millions de dinars par semaine. Vu que cette région représente 30 % des revenus pétroliers, l’impact sera, selon ses dires, énorme sur le budget de l’Etat de 2018.
Il a précisé, à cet égard, que les revenus pétroliers sont affectés par la faiblesse des prix de pétrole brut, qui sont aujourd’hui à environ 48 dollars le baril et par la baisse de 40% de la production qui est actuellement de seulement 22 mille barils par jour.
Par conséquent, les importations de pétrole brut seront augmentées. Sachant que 20% des importations globales de la Tunisie proviennent du secteur de l’énergie.
Il en résulte un triple impact, à savoir la baisse des recettes fiscales, l’aggravation du déficit de la balance commerciale et par conséquent l’aggravation du déficit de la balance courante. Notant qu’entre 45 et 50% du déficit de la balance courante proviennent de l’énergie.
Face à cette crise, M. Nouri a indiqué que la signature de cet accord est un grand soulagement, parce que le secteur énergétique en Tunisie n’a jamais connu de situation chaotique pareille depuis 1963, et ce, suite à la mauvaise gouvernance de l’Etat. Il a espéré que ce genre de «sabotage» contre le gouvernement ne fasse pas tache d’huile.
Au final, Fethi Nouri a fait savoir que les revendications sociales sont un droit, mais que l’intérêt des générations futures est prioritaire. Ceci impose une politique macroéconomique globale claire et nette et des décideurs capables d’appliquer les réformes menées et de mettre fin aux «solutions de soudure» adoptées ces dernières années.
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