L’économiste Ezzeddine Saïdane a publié un statut facebook sur sa page officielle, dans lequel il a affirmé que «les indicateurs continuent de se détériorer et franchement, nous ne voyons rien venir pour sortir l’économie tunisienne de la grave situation dans laquelle elle se trouve et qui se complique de jour en jour».
Dans ce sens, M. Saïdane a annoncé que le déficit de la balance commerciale a atteint 6,5 milliards de dinars pour les cinq premiers mois de 2017. Un niveau jamais atteint auparavant, soit une aggravation de plus de 26% par rapport à la même période de l’année dernière dont plus d’un quart de ce déficit a été enregistré avec la Chine.
Face à cette situation, «Nous sommes en droit de nous poser la question: où est le Gouvernement ? Les affaires de la Tunisie sont-elles gérées, et si oui dans l’intérêt de qui?», s’interroge-t-il.
Ainsi, il est clair, selon ses dires, que la brutale dépréciation du dinar et la double augmentation du taux d’intérêt directeur de la BCT n’ont rien arrangé : les importations n’ont pas décéléré et les exportations ne reprennent pas.
De ce fait, «la politique monétaire est-elle, selon l’interlocuteur, devenue stérile à ce point? Où sont ceux qui nous ont toujours accusés de dresser un tableau noir chaque fois que l’on a proposé une analyse objective de la situation de l’économie et des finances publiques tunisiennes?».
D’autre part, Ezzeddine Saïdane a affirmé que la dette publique continue de gonfler et a dépassé la borne de 60 milliards de dinars, représentant ainsi plus de 63% du PIB, sans compter les engagements de l’Etat en faveur des entreprises publiques qui connaissent des difficultés majeures.
En outre, la structure de cette dette publique est en train de changer, en ce sens que la Tunisie voit sa dette extérieure augmenter plus vite que sa dette intérieure. La dette extérieure passe en effet de 66% du total de la dette publique à plus de 70%.
Plus grave encore, le service de la dette explose littéralement, soit + 50 % entre le 10 juin 2016 et le 10 juin 2017. La Tunisie a en effet remboursé depuis le début de l’année 2017 plus de 3 milliards de dinars au titre de la dette extérieure.
Pour le dinar, M. Saidane a précisé qu’il continue de chuter. Entre mai 2016 et mai 2017, il a baissé de 19,7% contre le dollar et de 17,2% contre l’euro. Cette baisse est encore plus catastrophique depuis le début de l’année, soit 13,6% contre l’euro.
Par conséquent, M. Saidane a déclaré que «les Tunisiens (pas tous évidemment) s’appauvrissent à un rythme accéléré».
Au final, il a indiqué qu’entre-temps la planche à billets s’emballe. Le refinancement de la BCT a en effet atteint un nouveau record de 9,6 milliards de dinars injectés par cette institution financière, et ce, pour maintenir le système bancaire à flot en termes de liquidité.