Un groupe de jeunes de la ville de Douz, qui observent depuis deux mois et demi un sit-in, ont fermé hier deux vannes de la station de pompage de pétrole situées dans la région de Boulehbel à 100 km au sud de la ville.
Cette interruption de l’activité de la station aura, certainement, un impact plus grave que celle qui a eu lieu, il y a quelques semaines, dans la région d’El Kamour au gouvernorat de Tataouine, puisqu’elle bloquera tout le flux de pétrole provenant du sud tunisien vers la raffinerie de Skhira à Sfax.
Car ces flux, provenant des différents sites pétroliers du sud, effectuent un passage obligé par cette station pour être par la suite acheminés vers la raffinerie de Skhira.
Côté revendications, les sit-inneurs de Douz semblent être plus exigeants. Outre la revendication de l’emploi pour les jeunes et le déblocage d’un montant de 120 millions de dinars au profit de la Caisse du développement régionale, leur revendication principale est « la monopolisation par l’Etat de toutes les richesses pétrolières et gazières de la région et la révision des contrats conclus avec les sociétés d’exploitation installées dans la région », selon une déclaration faite par le porte-parole des sit-inneurs, Fakher Ajmni.
Depuis l’aboutissement des négociations avec les sit-inneurs d’El Kamour, les méthodes de contestation des jeunes de Kebili ont monté en intensité allant de l’interruption partielle de quelques stations de pompage jusqu’au blocage total.
Le dernier pas francht était le 21 juin avec la fermeture des vannes de la la région d’ Om Echyah, suite à laquelle ils ont donné au gouvernement un ultimatum de cinq jours pour qu’une délégation ministérielle se déplace à Douz dans le but de négocier avec les protestataires.
Ce pas franchi, nous sommes en droit de nous demander si la décision de mettre toutes les richesses naturelles sous autorité militaire, prise par le Président de la République au début du mois de mai n’a pas été reportée aux calendes grecques.
Ce qui est en train de se passer ces dernières semaines dans le gouvernorat de Tataouine, et particulièrement dans la région de Douz, semble donner raison à certains observateurs qui ont fait part de leur crainte de voir le scénario de Tataouine se reproduire dans d’autres régions.
Cependant, et contrairement aux protestataires de Tataouine, ceux de Douz semblent pousser loin leurs revendications. Car, en revendiquant la monopolisation des richesses pétrolières de la région, ils remettent en cause les choix politiques de l’Etat relatif à la voie de développement établie sur les principes de la privatisation, de la libre initiative et du désengagement de l’Etat dans les différents secteurs de l’économie.
La question qui se pose ainsi est de voir comment serait la réaction du gouvernement vis-à-vis de cette nouvelle escalade d’intensité du mouvement protestataire de Douz.
Optera-t-il pour une solution similaire à celle de Tataouine ou bien, il serait plus opportun d’opter pour la fermeté et l’application rigoureuse de la loi, seul moyen de mettre un terme à un mouvement social qui n’a pas fini depuis plusieurs mois de s’étendre de région en région ?
[raside number= »3″ tag= »Tataouine »]