Lors de la conférence nationale sur « l’économie sociale et solidaire, levier de développement en Tunisie », tenue en présence du Chef du gouvernement, Youssef Chahed, tous les intervenants ont été unanimes sur la nécessité de mettre en place un système juridique et économique à la fois pour l’économie sociale et solidaire en Tunisie.
Prenant la parole, Fadhel Abdelkéfi , ministre du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale, a indiqué lors de son intervention que l’économie sociale et solidaire est un concept relativement récent en Tunisie et qui nécessite un encadrement juridique. D’après les chiffres, en 2010, la Tunisie comptait 11 mille entreprises œuvrant dans le domaine de l’économie sociale et solidaire et en 2016, le nombre est passé à 20 mille entreprises. Il a ajouté que l’économie sociale et solidaire a été prise en considération lors de l’élaboration du pacte social, la note d’orientation stratégique et le Plan de développement stratégique (2016-2020). Il a rappelé, en outre, qu’une étude a été menée conjointement entre son ministère et le PNUD sur le sujet.
De son côté, Noureddine Taboubi, secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), présent à la conférence, a rappelé qu’il ne s’agit pas de la première fois que la centrale syndicale participe à un événement autour de l’économie sociale et solidaire. D’ailleurs en date du 28 novembre 2017, la centrale syndicale avait envoyé un projet de loi avec un argumentaire pour le chef du gouvernement pour adoption et en date du 4 avril 2017, elle a envoyé une demande pour son accélération et l’institutionnalisation de l’économie sociale et solidaire. Ainsi pour l’intervenant, l’économie sociale et solidaire représente le développement mis au service de l’homme, d’où son importance. Citant l’expérience malheureuse des coopératives dans les années 60, il a expliqué son échec par le fait que les gens y avaient adhéré sous la contrainte, à l’époque, dit-il. De même, il a indiqué qu’il faut concrétiser les concepts du commerce équitable, de l’ inclusion sociale et autres.
Le vice-président de l’UTICA, Hichem Elloumi, a indiqué pour sa part dans son intervention que les structures régionales de l’UTICA ont déjà soutenu des expériences d’économie sociale et solidaire dans les régions en vue de créer des emplois. Pour lui, l’économie sociale et solidaire est le troisième secteur après le secteur public et celui privé. Là où les secteurs public et privé n’arrivent pas, celui de l’économie sociale et solidaire pourrait prendre la relève. C’est pourquoi, le vice-président de l’UTICA a plaidé pour la création d’une structure dont la mission est de mettre en place un cadre juridique approprié pour l’économie sociale et solidaire.
Par ailleurs, le président de l’Union Tunisienne de l’Agriculture et de la Pêche (UTAP), Abdelmajid Ezzar soutient que c’est une solution qui permettrait aux agriculteurs de s’organiser dans des coopératives. Mais elle est encore sur le bureau des décideurs, regrette-t-il.
Prenant la parole, le Chef du gouvernement a affirmé que tous les économistes sont unanimes sur le fait que les finances publiques n’ont pas encore retrouvé leur rythme habituel, d’où la nécessité de chercher des solutions alternatives tel le recours à l’économie sociale et solidaire. Il a affirmé que le grand défi de la Tunisie est celui de la croissance. Le mot d’ordre est le retour de la croissance, assène-t-il. L’économie sociale et solidaire pourrait atteindre 6 et 7% du PIB, argumente-t-il. Pour la Tunisie, elle ne manque pas de potentialité dans le secteur. « Le gouvernement se penchera sur l’’évolution de l’économie sociale et solidaire », a-t-il assuré en conclusion.