Rien ne va plus pour Slim Riahi. Après la décision judiciaire du gel de ses avoirs et comptes bancaires, le voilà interrogé par la Brigade d’investigations douanières.
A la suite d’une descente dans un entrepôt dans le gouvernorat de l’Ariana où une quantité importante de vaisselle dorée et de marchandises diverses a été saisie, l’homme d’affaires, président de l’Union patriotique libre (UPL) et du club africain, Slim Riahi, a été convoqué par la Brigade d’investigations douanières pour l’interroger sur l’origine des biens saisis et la manière par laquelle elles ont été introduites en Tunisie.
Après cet interrogatoire, et en coordination avec le parquet du Tribunal de première instance de Tunis, il a été décidé de poursuivre les investigations sur cette affaire tout en maintenant l’homme d’affaires en état de liberté.
Pour sa défense, Slim Riahi a déclaré que les objets saisis représentent des effets personnels qu’il a rapatriés depuis 2011, à l’époque où il a pris la décision de venir s’installer en Tunisie. Selon lui, vu la valeur de ces effets, il a préféré les conserver dans un entrepôt, plutôt que de s’en servir.
Par ailleurs, le bureau de Slim Riahi a insisté, dans un communiqué publié hier, lundi 10 juillet 2017, sur le caractère légal de l’importation des effets et meubles saisis. Nonobstant ces « clarifications », diverses interrogations demeurent quant à l’utilité de la conservation, durant plus de six années, d’objets de cette valeur, destinés, d’après les allégations de Slim Riahi, pour son utilisation personnelle. Sachant que la loi sur l’importation impose des frais et taxes douanières sur ce genre de marchandises, et ce, quelles que soient leur destination ou leur utilisation, chose qui n’a, semble-t-il, pas été respectée par Slim Riahi.
Cependant, force est de constater que la succession d’événements, ces deux dernières semaines, concernant Slim Riahi, laisse perplexe. Bien que les soupçons concernant les origines troubles de sa richesse soient légitimes et que certaines actions financières de Slim Riahi semblent frôler l’irrégularité, la focalisation de la guerre contre la corruption sur une seule personnalité politique suscite quelques points d’ombre qu’il est impératif de dissiper pour le bien de la campagne anti-corruption elle-même.
Si de l’avis de certains, cette opération anticorruption ne peut gagner en crédibilité que si elle vise des personnalités politiques influentes sur la scène nationale, focaliser la campagne sur une unique personne laisse quand même planer des doutes quant à son instrumentalisation à des fins de règlements de comptes politiques. Certes, rien jusqu’à présent ne disculpe Slim Riahi des accusations portées contre lui, cependant, la campagne gagnerait en crédibilité si d’autres personnalités politiques, dont les soupçons semblent être encore plus fondés, étaient sous le collimateur des autorités judicaires.