Outre le fait que l’appel en vue de l’annulation du spectacle de Michel Boujenah a froissé plus d’un, il faut se demander si au vu des moyens –notamment financiers – dont dispose notre pays, nous pouvons nous permettre une communication extérieure efficace pour renverser la vapeur.
Doit-on annuler le spectacle de l’humoriste franco-tunisien Michel Boujenah programmé au cours de l’édition 2017 du Festival international de Carthage? L’affaire a nourri nombre de commentaires sur les réseaux sociaux. Et bien évidemment au-delà.
La presse internationale –à commencer par la presse française- s’est saisie de l’affaire. Le Figaro, qui est loin d’être un quotidien quelconque ( un tirage de près de 305 000 exemplaires, bien plus que toute la presse tunisienne réunie), en parle dans son édition du 10 juillet 2017, en reprenant une déclaration faite par Michel Boujenah au quotidien régional Nice Matin (près de 108 000 exemplaires diffusés) qui souligne que son « amour pour la Tunisie est indéfectible » et ceux qui le connaissent « savent que je ne milite que pour la paix, depuis toujours».
Un des terrains sur lequel on juge une démocratie
A se demander si l’on mesure vraiment bien les effets dévastateurs d’un tel appel sur l’image de notre pays. Au-delà des prises de position des uns et des autres, on ne peut en réfléchissant froidement ne pas reconnaître que l’appel ne peut que froisser plus d’un.
La culture et ce qu’elle peut charrier comme liberté d’expression est un domaine extrêmement délicat. Pour ne pas dire un terrain miné ! Un des terrains sur lequel on juge une démocratie.
Il est vrai que l’on peut rétorquer que les artistes sont libres jusqu’à une certaine limite. Et que l’on touche ici à un sujet qui concerne pour ainsi dire un des fondamentaux des Tunisiens : la cause palestinienne.
Certes, mais l’exemple de Michel Boujenah n’est-il pas mal choisi ? L’homme s’est toujours distingué par un certain enracinement dans sa culture tunisienne. Ne crie-t-il pas urbi et orbi sa tunisianité et ne défend-il pas cette Tunisie où il est né, terre de tolérance ?
Un luxe ?
Il faut bien regarder la réalité en face. Réagir à la programmation du spectacle de Michel Boujenah comme cela a été fait, n’est-il pas un luxe ?
Empêtrée dans de grandes difficultés économiques et sociales, la Tunisie cherche à obtenir des soutiens pour joindre les deux bouts. C’est là un des aspects dominants de la visite aux Etats Unis du Chef du gouvernement, Youssef Chahed.
D’autant plus qu’au vu des moyens –notamment financiers- dont dispose notre pays, pouvons-nous nous permettre une communication extérieure efficace pour renverser la vapeur ? Efficace parce qu’évidemment coûteuse !
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