La lutte contre la corruption fait l’objet d’un débat depuis plusieurs semaines, et ce, depuis que l’opération “Mains propres” a été lancée par le Chef du gouvernement, le 23 mai dernier, date destinée à entrer dans les annales.
Cela dit, tout le monde a son mot à dire sur la campagne menée par le Chef du gouvernement, politiciens, organismes, intellectuels… A ce propos, le Center for the study of Islam and democracy (CSID) a organisé une rencontre-débat intitulée :“ La lutte contre la corruption est-elle une campagne sélective ou une volonté réelle ?”.
Le débat étant ouvert, le président de l’Instance nationale de lutte contre la corruption, Chawki Tabib, a mis l’accent sur l’importance de soutenir le Chef du gouvernement dans sa démarche. Il déclare: “Nous devons être intransigeants dans la lutte contre la corruption. Aujourd’hui, le moment n’est pas encore venu pour faire une évaluation de cette campagne, il est encore trop tôt pour le faire ».
Evoquant l’exemple de la France où l’un des candidats à la présidentielle, accusé d’avoir trempé dans une affaire d’emplois fictifs concernant ses proches, s’est retiré de la vie politique.
Sur un autre volet, M. Tabib déplore le manque d’appui des partis au pouvoir, notamment les partis de la coalition Nidaa tounes et Ennahdha qui se sont contentés d’un simple communiqué de soutien à la lutte contre la corruption. Il ajoute: “ Nous n’avons pas senti qu’ils étaient impliqués. Nous aimerions les voir comme force de proposition”.
Par ailleurs, Fadhila Gargouri, présidente de chambre à la Cour des comptes, a présenté le 30 ème rapport annuel de la Cour relatif aux institutions publiques au niveau national et régional, dont 27 missions de contrôle. Ledit rapport a constaté plusieurs fautes de gestion.
Evoquant la prochaine étape de la Cour des comptes, soit les préparatifs pour le contrôle des campagnes électorales des municipalités, elle déclare : “ Il s’agit d’une lourde missions avec le peu de moyens dont nous disposons, en ressources humaines et logistique”, a-t-elle regretté. Le gouvernement a bien promis le recrutement de 20 magistrats et 15 greffiers en renfort en vue des Municipales.
De son côté, Nouredine Bhiri, président du bloc parlementaire du mouvement Ennahdha, a souligné “ Nous n’avons pas une expérience dans la lutte contre la corruption. Aujourd’hui, nous devons donner l’image d’un Etat fort et non affaibli”.
Rappelons que, dans une déclaration récente, M. Tabib a fait remarquer que la lutte contre la corruption prendra entre 3 à 5 ans. Il souligne à ce propos: » Bien entendu il ne suffit pas de procéder à des arrestations pour endiguer la corruption, il faut faire un diagnostic en profondeur pour pouvoir prendre les bonnes décisions. C’est certes un travail de longue haleine, mais nécessaire si l’on veut atteindre des résultats concrets. Je ne vous apprends rien en disant que ce n’est pas un phénomène propre à la Tunisie, il est partout ».