La vulnérabilité de la situation en Tunisie encourage décidément certains pays partenaires à dicter au pays ses positions et l’inciter à faire des concessions quant à sa politique extérieure.
Les Américains s’y mettent à leur tour en essayant d’influencer la position tunisienne vis-à-vis d’Israël.
La rencontre qu’a eue Youssef Chahed avec les membres de la Commission des Affaires étrangères au Congrès semble bien l’indiquer. Les députés américains, après avoir fait part de leur soutien à la Tunisie dans cette phase de transition démocratique, ont formulé leurs doléances. Deux suggestions jugées « urgentes » ont, en effet, été présentées par deux sénateurs américains et soutenues par dix autres dont notamment, le sénateur John Mc Cain.
La première suggestion concerne le dossier des « djihadistes » tunisiens dans les zones de tension et leur éventuel retour en Tunisie après les échecs militaires qu’a subis « Daech » en Syrie et puis, récemment, en Irak.
Les membres de la Commission des Affaires étrangères ont incité Y. Chahed à prendre toutes les mesures pour stopper le flux des terroristes tunisiens vers les zones de tensions en Syrie et en Irak et de se préparer au retour de ses ressortissants qui sont allés combattre dans les rangs de Daech.
La deuxième suggestion est relative au dossier israélo-palestinien. En vue de tester la position tunisienne quant à une éventuelle normalisation avec l’Etat d’Israël chapeautée par les USA, les deux sénateurs américains ont exhorté la Tunisie à changer sa politique envers Israël et à arrêter toute forme d’hostilité envers l’Etat sioniste, notamment au sein des organismes internationaux à l’instar de l’Unesco, en allusion à la dernière position prise par cet organisme, la semaine dernière, en faveur de l’Etat palestinien.
On ignore jusqu’à présent quelle a été la réponse de Youssef Chahed à cette doléance qui s’apparente plus à un diktat qu’à une simple suggestion. Cependant, force est de constater qu’en diplomatie, le profil bas n’a jamais été pris pour une bonne tactique en matière des relations extérieures.
Youssef Chahed dont on connait le souci d’indépendance et de souveraineté a confirmé que la politique étrangère tunisienne ne change pas au gré des circonstances et que les positions de la Tunisie ne sont pas objet de transactions quelle qu’en soit la nature, gagnant ainsi le respect et l’estime de ses compatriotes tunisiens.
Quant à la question de la position à prendre vis-à-vis de l’Etat sioniste, les Américains devraient être en mesure de comprendre que quel que soit le volume de l’aide économique et financière qu’ils pourront fournir à la Tunisie, cette dernière n’a jamais monnayé ses positions et s’il y’a un pays arabe et même sur le continent africain entier qui a toujours su maintenir une ligne claire en matière de diplomatie et qui n’a jamais fait de ses positions diplomatiques un objet de transactions, c’est bel et bien la Tunisie.
L’image du leader Habib Bourguiba, brandissant sa canne, en 1985 suite à l’attaque de Hammam Chott, devant l’ambassadeur américaine à Tunis et menaçant de rompre les relations diplomatiques avec les USA en cas de veto américain contre une résolution du Conseil de sécurité condamnant Israël, devrait rester gravée dans la mémoire des Américains.