Rien ne semble arrêter Samia Abbou. Outre les polémiques qu’elle soulève fréquemment au sein de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) et les discours virulents qu’elle n’a jamais cesser de tenir lors des séances plénières, la voilà qu’elle se reconvertit en femme de terrain pour aller mener son combat contre la « corruption » là où corruption il y a.
La dernière bravade en date de Samia Abbou, la députée du Courant democratique à l’ARP, lorsqu’elle s’est assigné la mission d’aller contrôler les locaux du chargé du Contentieux de l’Etat, sis à l’avenue de Paris à Tunis. Une visite qui n’a manifestement pas été du goût du chargé du Contentieux de l’Etat, mais aussi, des employés de ses services qui ont protesté contre cette visite « inopinée », notant par la même occasion le ton désagréable que la députée a usé en s’adressant au personnel présent sur les lieux.
Le secrétaire d’Etat chargé aux Domaines de l’Etat et de la propriété foncière, Mabrouk Korchid, a adressé suite à cet incident une correspondance au président de l’ARP, Mohamed Ennaceur, lui faisant part de sa désapprobation, ainsi que celle de tout le personnel affecté au Contentieux de l’Etat, du comportement inadmissible de la députée qui a fait fi de toute la procédure administrative nécessaire pour effectuer ce genre de visite. Il a indiqué dans cette correspondance que Mme Abbou n’a pas informé au préalable le cabinet du secrétaire d’Etat de cette visite ni de son objet.
Pour sa défense, Samia Abbou a déclaré que le président de l’ARP n’a aucune autorité à exercer sur le travail des députés et que ses prérogatives s’arrêtent uniquement aux volet administratif et financier du travail de l’Assemblée.
Concernant sa visite, elle a affirmé que l’action qu’elle a menée s’inscrit dans le cadre du droit de tout citoyen d’accéder à l’administration publique, « que dire alors d’un député qui possède un pouvoir de contrôle sur les institutions de l’Etat ». Elle a précisé dans ce cadre qu’elle est allée pour vérifier l’existence de dépassements et de manquements. Elle a ajouté en outre que « les locaux des services du chargé du contentieux de l’Etat souffrent d’insalubrité, indigne des fonctionnaires qui y sont affectés », d’autant plus qu’ils ne permettent pas de conserver les documents confiés au chargé du contentieux de l’Etat dans de bonnes conditions, a-t-elle estimé.
Optant pour l’attaque, elle a fustigé Mabrouk Korchid pour la décision qu’il a prise de transférer ses services au local de l’ex RCD dissout, l’accusant en outre d’adopter une politique sélective dans le traitement des dossiers dont il est chargé et de harcèlement vis-à-vis des fonctionnaires mis sous son autorité.
Cependant, il semble opportun de rappeler à Mme Abbou qu’ outre son statut de députée, elle est avocate de métier, supposée non seulement connaître le droit mais aussi œuvrer pour son respect et son application, que l’administration est, partout dans le monde, régie par des règlements dont l’impératif de respect équivaut à une reconnaissance de l’ordre public. En outre, si son statut de député lui donne, il est vrai, un pouvoir de contrôle sur les institutions, ce pouvoir est lui-même régi par des règles qu’il est important de respecter, parmi lesquelles l’impératif d’être mandatée par le Parlement pour exercer une mission de contrôle.
D’autre part, l’autorité de contrôle des institutions par les représentants du peuple se fait dans le cadre de commissions d’enquête, de séances d’interrogation et d’écoutes des responsables et non pas de la manière arbitraire usée par Mme Abbou qui n’a rien à voir avec le travail d’un parlementaire.