Pour l’Association des anciens parlementaires tunisiens, une lecture analytique de la période allant de 1956 à 2010 s’impose. La publication de cette lecture aura lieu en date du 24 juillet, à l’occasion de la Fête de la République.
L’association a tenu une réunion avec ses affilés, aujourd’hui, 15 juillet à Tunis afin de dévoiler les grandes lignes de la lecture analytique de la période qui va de 1956 à 2010. Paradoxalement, il ressort de cette lecture que la période 1956-2010 présente somme toute un bilan positif !
Prenant la parole, Adel Kaaniche a indiqué que la préparation de la lecture analytique a nécessité un effort de six mois. Une lecture dont l’objectif n’est autre que d’établir le bilan de la période de 1956 à 2010, à savoir la période où le parti destourien a régné en maître absolu.
Pour lui le travail qui a été mené par 415 experts n’est ni une glorification de cette période et ni une sorte d’auto-flagellation. Il a estimé que la tendance des politiques arabes est souvent portée sur la révision ou la correction, « mais voici que nous avons opté pour une lecture analytique, ce qui ne se fait pas souvent dans les régimes politiques du monde arabe », précise-t-il. Le travail accompli, estime-t-il, est un devoir de mémoire et un droit à la fois pour les prochaines générations pour les éclairer sur les réalisations accomplies et les spécificités de la période étudiée.
Sur un autre volet, il a indiqué que l’élaboration du rapport analytique n’a pas empêché l’association de se pencher sur le projet de loi relatif à la réconciliation économique qu’elle défend. Par ailleurs, il a exprimé l’inquiétude de l’association concernant les anciens responsables de l’ancien régime qui sont menacés de poursuites judiciaires aux termes de l’article 96 du Code pénal.
Puis la parole a été donnée à Mohamed Joufien, président de la commission politique. Il a indiqué que malgré l’absence de toute forme de démocratie, le régime de Habib Bourguiba a pu fonder un Etat moderne et progressiste qui est indéniablement un exemple positif pour le monde arabe. Par ailleurs, il a affirmé que l’étude analytique en question ne s’est pas focalisée sur les conflits internes du parti destourien en 1920,1936,1955 et 1987 et n’a pas évoqué non plus la lutte du parti destourien contre ses détracteurs et encore moins les violations commises par ce même parti destourien contre autrui, « étant donné qu’il n’est jamais utile de rouvrir les plaies du passé et parce qu’il ne s’agit pas non plus d’une lecture analytique de documents historiques ».
L’intervenant a poursuivi en affirmant que le règne de Habib Bourguiba a été marqué en premier lieu par la construction de l’Etat moderne pour finir dans les méandres de la dictature. Pour lui, les élections législatives de l’époque étaient l’unique occasion d’instaurer la démocratie mais hélas elles ont été manipulées.
Quant à la période Ben Ali, son règne a été miné irrémédiablement par la corruption que lui et ses proches avaient imposée comme système d’accaparement systématique des richesses du pays. Il va sans dire que dans ces conditions, la démocratie, pérorée à tout bout de champ par le régime en place, n’avait pas sa place dans un tel système mafieux.
Il n’en demeure pas moins, selon Taoufik Baccar, ancien gouverneur de la Banque centrale de Tunisie et président de la Commission économique du rapport analytique, que des acquis importants sont à mettre à l’actif de la période Ben Ali tels un taux de croissance de 5%, et plusieurs infrastructures importantes pour le pays. Sans parler du chômage, qu’à l’époque il avait connu une baisse considérable pour se stabiliser à 13%. De même, il a rappelé que la Tunisie a pu se protéger contre les répercussions de la crise économique de 2008, celle due aux subprimes américains.