La langue française n’est pas une langue nationale. Mais au-delà de la prestation de Adel Chlioui sur laquelle il ne faut pas trop s’attarder, force est de constater que la prestation du gouverneur de Sousse pose le problème de la place de la langue française et des langues étrangères d’une manière générale en Tunisie.
Les réactions vont –encore- bon train sur les réseaux sociaux au sujet du discours prononcé par le gouverneur de Sousse, Adel Chlioui, le 14 juillet 2017, devant les premiers responsables français, à l’occasion de la première commémoration de l’attentat criminel de Nice qui a fait , une année auparavant, 86 morts.
Beaucoup n’ont pas apprécié que le gouverneur de Sousse ait mal préparé son discours. Un discours « lu dans un français châtié » avec au passage des noms propres « écorchés ».
Certes, mais cela explique-t-il tout ce courroux pour ne pas dire ces moqueries auxquels a donné lieu la prononciation du discours ? Quelle aurait été la prestation d’un responsable américain, italien ou encore allemand dans la langue de Molière ? Sans doute pire.
La Tunisie est un pays francophone, mais la langue arabe est – on l’a oublié- la langue nationale. Cela dit, on pourrait se demander pourquoi le gouverneur ne s’est-il pas exprimé en langue arabe. Les organisateurs auraient certainement prévu une traduction simultanée. Comme on aurait pu distribuer le texte traduit du discours. Ou encore projeter la traduction sur un des écrans géants se trouvant sur place.
Un certain enfermement linguistique qui fait mal
Reste que l’on ne peut occulter le fait qu’il y a eu là sans doute une erreur de communication. Le gouverneur devait-il lire, relire son texte plus d’une fois ? S’adonner pour ainsi dire à un média training.
En avait-il cependant les moyens ? Empêtré qu’il est dans les soucis quotidiens d’une région qui, à l’instar du pays, va quelque part mal.
Mais bien au-delà de cet épisode à oublier, force est de constater que la prestation du gouverneur de Sousse pose le problème de la place de la langue française et des langues étrangères d’une manière générale en Tunisie.
De nombreuses générations ont souffert –comme du reste dans de nombreux pays arabes et musulmans- d’un certain enfermement linguistique qui fait mal.
Pour des raisons idéologiques et certainement politiques (satisfaire les hérauts d’un islam fort), une arabisation « brutale » a commencé à être menée dans les années quatre-vingt privant de nombreux apprenants de ce qu’une ouverture sur les langues étrangères pouvait offrir.
Les épreuves orales ont quasiment disparu des cursus
Il ne s’agit évidemment pas de la seule explication à fournir à ce niveau. Devant le grand afflux des élèves, l’enseignement de la langue française a été quelquefois confié à des enseignants mal préparés et, qui plus est, n’avaient même pas les diplômes requis.
Autre explication sans doute à fournir : la place accordée à l’expression orale dans l’enseignement secondaire et l’enseignement supérieur. Les épreuves orales ont quasiment disparu des cursus.
Encore aujourd’hui aucun examen oral n’est inscrit aux épreuves principales du baccalauréat ou des programmes des licences.
Passons également sur l’introduction de ces QCM (questions à choix multiples), œuvre de ce génie anglo-saxon, qui sont une catastrophe au niveau de l’apprentissage des langues.
En fait, le pays récolte ce qu’il a semé comme choix
Dans le même ordre d’idées, les espaces où l’élève ou encore l’étudiant pouvait s’exprimer oralement se sont réduits comme une peau de chagrin : les ciné-clubs, les clubs dans les collèges, lycées ou encore universités, les exposés oraux… Il s’agit là sans doute d’un moyen pour ne pas produire une génération de « contestataires » à l’ordre établi.
Parallèlement à cela, la lecture, qui a longtemps été un moment fort des programmes des langues a quasiment déserté les cursus. Il fut un temps où, en effet, les élèves se devaient de lire un livre par mois et venir le présenter en classe.
En fait, le pays récolte ce qu’il a semé comme choix pédagogiques.
Au-delà des compétences linguistiques (ou autres!!!) de M. le Gouverneur de Sousse, le discours aurait pu être prononcé par M. le consul de la Tunisie à Nice (qui, j’espère, parle mieux le français que le gouverneur) au nom du gouverneur et ainsi économiser un peu d’argent (le voyage de ce monsieur a été payé en partie par mes impôts). En plus, faire un voyage qui coûte tant pour un discours de 3 minutes (quelque soit son importance) me semble un luxe que seul un pays aussi riche que la Tunisie peut se le permettre. Si les décideurs (politiques) pensent que ce n’est pas convenable (que le consul soit celui qui intervient dans ce genre d’événements si importants), alors le discours prononcé par le gouverneur reflète non seulement le niveau de l’enseignement en Tunisie (comme vous l’expliquez si bien), mais le manque de bon sens de certains décideurs…
Monsieur le Gouverneur de Sousse ne vient pas d’obtenir ses diplômes récemment et vu la photo, ce n’est pas un gamin en culottes courtes qui est à la tête du Gouvernorat de Sousse. Or sa génération a eu le temps d’être formée aux facéties de la langue française et visiblement, il en a rien retenu, ou si peu. Comme ça, à la prochaine occasion, n’hésitez plus à envoyer notre ambassadeur, (vu les membres qui constituaient l’assemblée présente) représentant nettement plus digne sur le sol français car accrédité par notre chef de l’état.
Monsieur le Gouverneur de Sousse ne vient pas d’obtenir ses diplômes récemment et vu la photo, ce n’est pas un gamin en culottes courtes qui est à la tête du Gouvernorat de Sousse. Or sa génération a eu le temps d’être formée aux facéties de la langue française et visiblement, il en a rien retenu, ou si peu. Comme ça, à la prochaine occasion, n’hésitez plus à envoyer notre ambassadeur, (vu les membres qui constituaient l’assemblée présente) représentant nettement plus digne sur le sol français car accrédité par notre chef de l’état.