«Le spectacle de la discorde», disent les uns. «La Tunisie au pluriel», diront les autres. Jamais un spectacle artistique n’a suscité de polémique en Tunisie autant que l’a suscité le spectacle de l’humoriste français d’origine tunisienne Michel Boujenah qui s’est produit dans la soirée d’hier, mercredi 19 juillet 2017, sur l’esplanade du musée de Carthage, dans le cadre du Festival international de Carthage.
Depuis l’annonce du programme du festival, une campagne sans précédent appelant à l’annulation du spectacle s’est déclenchée. Plusieurs parties y ont pris part, la centrale syndicale, des partis politiques, des associations et même la justice qui y a été mêlée. Ce qu’on reproche à Boujenah, ce sont ses positions jugées pro sioniste en faveur de l’Etat d’Israël. Les détracteurs du spectacle, adeptes de la théorie du complot, y ont vu une étape s’inscrivant dans le cadre d’un plan diabolique plus large visant la normalisation avec l’Etat sioniste.
Dans l’autre camp, des gens de culture, des universitaires et des politiciens ont appelé à faire la part des choses entre l’engagement politique de l’humoriste et l’art qu’il représente. Certains sont allés même jusqu’à considérer que l’artiste mérite d’être ovationné dans son pays natal, la Tunisie qu’il a toujours farouchement défendu, ne manquant jamais l’occasion d’en faire la promotion.
Après une courte tergiversation de la part du ministère de la Culture, il a été décidé de maintenir le spectacle et de laisser aux Tunisiens le libre choix d’assister ou de boycotter le spectacle. La justice, à son tour, a rendu hier matin son verdict dans le recours en référé intenté par certaines associations. Pour elle, aucune raison légale ne justifie l’interdiction du spectacle.
Finalement c’est plus de 600 Tunisiens qui ont décidé de faire honneur à l’artiste. Le prix qu’ils ont eu à payer était le flot d’insultes et de grossièretés auxquelles ils ont eu droit à leur entrée au spectacle, de la part de quelques dizaines de personnes venues huer l’humoriste et son public. Chose que seul l’humour raffiné de l’artiste a pu faire oublier.
À la sortie du spectacle, d’aucun n’a regretté d’avoir pris son courage à deux mains pour venir assister à un spectacle que la polémique engagée à son encontre n’a fait que conforter dans leur décision.
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