« On ne m’écoute pas, juste parce que je suis une femme », dit une femme entrepreneure du Sud en réponse à un questionnaire destiné à 160 femmes entrepreneures ou porteuses d’idées de projets.
Ce questionnaire a été lancé par Aventures d’entrepreneurs (AE), un projet de plaidoyer conçu et mis en œuvre par le Réseau Entreprendre Tunisie (RET) et Cogite coworking space.
L’objectif est de connaître les vrais challenges rencontrés par les femmes entrepreneures ou porteuses d’idées de projets, les difficultés particulières d’accès au financement et à l’accompagnement ; les moteurs et les freins à la création d’entreprises ; les formes de discrimination rencontrées et à quelles étapes.
Malgré les réformes législatives mises en œuvre qui ont permis d’instaurer l’égalité hommes-femmes tant d’un point de vue familial qu’économique et politique, le manque d’accompagnement, le sexisme, l’étendue des compétences à maîtriser, les contraintes familiales et l’absence de légitimité dominent encore le monde de l’entrepreneuriat féminin en Tunisie.
Elles ont envie de créer et lancer leurs propres projets, mais elles sont encore confrontées à plusieurs obstacles. Comme pour la majorité des entrepreneurs hommes, les femmes entrepreneures, bloquées par les procédures administratives, rencontrent des obstacles liés au manque de financement.
S’ajoutent à cela le manque d’accompagnement qui présente un vrai handicap pour 75% des femmes interrogées. 54.9% des femmes répondant au questionnaire sont aussi victimes de discrimination lors des étapes de montage de leurs projets, surtout au centre-ouest de la Tunisie.
Plusieurs autres femmes ont des difficultés dans la gestion du personnel et la commercialisation des produits et font face à une certaine méfiance parfois de la part de leurs clients.
Sur le plan familial, la réalité de la grossesse, l’accouchement et les soins aux nourrissons affectent considérablement les femmes, ce qui n’est pas le cas pour les hommes. Ces contraintes sont aussi plus accentuées si les maris ne sont pas malheureusement favorables au travail de leurs épouses.
Certaines femmes entrepreneures se trouvent face à une réalité : l’absence de reconnaissance. Ce problème d’ordre culturel est lié à la difficulté pour une femme entrepreneure de s’ériger en tant que dirigeant d’entreprise pour cause de déni de légitimité.