L’Amicale des anciens parlementaires tunisiens a tenu une conférence de presse pour revenir sur « La lecture critique des politiques de 1955 à 2010 », en présence de ses membres et de plusieurs destouriens et anciens parlementaires de la période de l’avant- 2011.
Par ailleurs, la publication des quatre rapports sur les différents aspects de cette période a été reportée encore une fois pour le mois de septembre. Une conférence nationale sera également tenue en septembre pour les présenter, affirme Adel Kaaniche, président de l’amicale, lors de l’ouverture de la séance. Il n’a pas manqué de rappeler que l’amicale est préoccupée par le sort du projet de loi sur la réconciliation économique et celui des anciens ministres sous Ben Ali poursuivis en justice pour l’affaire Mariah Carey.
Les quatre rapports se focalisent sur : 1/ les politiques 2/ les politiques économiques 3/les politiques sociales 4/ les politiques éducatives et culturelles.
Dans le même contexte, il a rappelé que ce n’était pas facile de faire cette lecture analytique vu que certains la considèrent comme étant une sorte d’autoflagellation et quant à d’autres, ils considèrent que cela est une forme de justification pour les politiques des deux présidents pendant cette période. Cependant, l’intervenant a fait savoir que ce n’est ni l’un ni l’autre. Pour lui, il s’agit d’une lecture objective qui a démarré en septembre 2016. Pour la période 1955 à 2010, plusieurs échecs ont été constatés. Mais au final, le positif l’emporte sur le négatif, conclut-il.
De son côté, Mohamed Hnifan, l’ancien diplomate et président de la commission politique dont la mission est d’élaborer un rapport qui trace les pratiques politiques pendant cette période, la période entre 1955 et 2010 est divisée en deux périodes : celle du leader Habib Bourguiba et celle de Ben Ali. Pour la première période, elle a été marquée par la fondation et la construction de l’Etat, oeuvre du parti destourien. L’intervenant a expliqué que le président Bourguiba a raté deux occasions pour mettre en place une démocratie naissante en 1971, lors du congrès du parti destourien et en 1981 lorsque les élections législatives ont été falsifiées.
Ben Ali a accédé au pouvoir profitant de la cacophonie des dernières années du règne de Bourguiba, et a fait plusieurs promesses en matière d’économie et de démocratie. Parmi les raisons principales qui ont précipité la chute du régime de Ben Ali : la centralisation des décisions au Palais de Carthage tout en procédant à des nominations partisanes qui n’ont rien à voir avec la compétence, le simulacre de démocratie représenté par l' »opposition » créée de toutes pièces, avec en apothéose le référendum pour s’attribuer un nouveau mandat. Pour toutes ces raisons, le régime de Ben Ali n’a pas pu éviter ce qui s’est passé entre le 17 décembre 2010 et le 14 janvier 2011.
Ridha Kerchrid, ancien ministre de la Santé, ancien ambassadeur et président de la commission des politiques sociales, a indiqué que les politiques sociales suivies par Ben Ali étaient populaires et non populistes. A titre d’exemple, il a affirmé que le Fonds de solidarité nationale (FSN) a pleinement rempli sa mission en dotant les milieux défavorisés de logements et de moyens de revenus décents. Les informations qui circulent à propos de ce fonds qu’il aurait été pillé sont sans fondement. Pour preuve, l’audit effectué après le 14 janvier prouve la bonne gestion de ce fonds. Malheureusement, cela n’a pas empêché la persistance des inégalités régionales. Par ailleurs, il a reconnu, malgré les efforts fournis, la persistance des inégalités entre les régions. Quant aux augmentations salariales devenues systématiques tous les trois ans, elles n’obéissaient pas au facteur productivité mais à l’inflation. Le régime voulait le faire en 2010 mais les événements de décembre avaient déjà surgi’, conclut-il.