Elles sont députées, universitaires, représentantes de la société civile, elles font aujourd’hui parler d’elles. Elles sont courageuses, dynamiques et ne lâchent pas et se sont lancé un défi : construire ensemble la deuxième République. Ce trio ne manque pas d’atouts et ont plus d’un tour dans leur sac.
Et voilà que soixante ans plus tard après l’indépendance et six ans après la révolution, comment ces jeunes femmes évaluent aujourd’hui la 2 ème République ?
Pour Lilia Rebaï , directrice du programme Tunisie Euromed Droits : « Ce n’est qu’en 2014 qu’on peut parler d’une 2ème République au moins au niveau des textes de loi. Cela dit, beaucoup de choses ont changé, il ne faut pas oublier que certains mécanismes ou dispositifs n’ont pas été mis en place pour prévenir un possible retour en arrière ».
Selon elle, avec une Constitution respectueuse des droits humains, elle doit avant tout préparer le terrain à une vraie deuxième République. « Mais dès qu’ il y a une insuffisance des lois , c’est tout l’arsenal juridique qui sera mis en cause », déplore-t-elle.
Elle poursuit: « Malgré les difficultés, nous continuerons à bâtir cette Tunisie dont nous rêvons tous . Aujourd’hui, nous devons construire un Etat de droit démocratique et respectueux des droits humains. Et nous allons le faire ».
Même si la République a soixante ans, « elle nous est encore étrangère », estime Salsabil Klibi, enseignante-chercheure à la faculté des Sciences juridiques, politiques et sociales de Tunis. Elle souligne: « Il est temps qu’un débat sur ses principes et ses vertus investisse l’espace public dominé par le concept de démocratie. Il est temps que les Tunisiens s’approprient un concept qui peut enrichir le débat sur la démocratie voire nous prémunir contre les dérives possibles de celle-ci ». Elle ajoute: « La République renvoie, en effet, aussi à un certain nombre de principes qui commandent l’organisation et la gestion de l’Etat, ce qui nous amènera au second point relatif au rapport entre République et démocratie ».
Cela dit, l’un des acquis de la deuxième République ce sont les Tunisiens qui se sont beaucoup intéressés à la politique après le 14 janvier. Autrement dit, une réconciliation des Tunisiens avec le monde de la politique.
Pour Leila Chettaoui, députée du parti machrou3 Tounes : » Nous sommes encore dans cette transition démocratique qui a été le théâtre de plusieurs événements, les après-révolutions n’étaient pas faciles. Nous avons observé une désorganisation complète. Il faudra beaucoup de temps pour la reconstruction ».
Et de poursuivre: « Le consensus aujourd’hui entre islamistes et laïcs est contre nature. C’est ce qui a compliqué énormément les prises de décisions notamment dans les votes des projets de lois ainsi que dans la gestion du pays. Cela a donné naissance à une sorte de mutant ».
Elle conclut: « Aujourd’hui la naissance d’une 2ème République ne se limite pas à l’adoption d’une nouvelle Constitution. Mais pour y parvenir, il faut une prise de conscience d’aller vers un régime qui aide la Tunisie, pourquoi pas un régime semi-présidentiel, un régime bien contrôlé avec des élus mieux formés qui seront beaucoup plus redevables devant les citoyens ».
Se fixer des objectifs, franchir les étapes à grande vitesse, mais leur seule volonté est en dernière analyse de construire une nouvelle Tunisie démocratique, respectueuse des droits humains.