La proclamation de la République, le 25 juillet 1957, consacre l’établissement de la démocratie en Tunisie. Discours de citoyenneté, formatage institutionnel et praxis quotidienne, la démocratie est volontiers mise à l’épreuve.
L’histoire tunisienne depuis l’indépendance illustre ses réussites et ses déboires, ses avancées et ses échecs. Mais elle confirme, dans sa trajectoire si complexe, le respect de la souveraineté populaire.
Produit d’une «communion», la révolution du «printemps» tunisien a mis à l’ordre du jour un réveil démocratique général, faisant valoir la volonté du peuple. Le rhabillage institutionnel : nouvelle Constitution, établissement d’un régime plutôt parlementaire, réactualisation des institutions, a été conforté par une praxis quotidienne en conséquence, assurant la liberté d’expression et d’information et la libération du jeu politique, tenant compte des rapports de force sur la scène publique. Prenons acte de la libération des énergies individuelles, en dépit de la pesanteur idéologique, des rappels nostalgiques d’un califat mythique et des dérives terroristes, plutôt maîtrisées actuellement.
Paradoxe de ce moment politique, la praxis ne conforte pas la révolution institutionnelle démocratique. Les citoyens rappellent leurs attentes sociales. Le chômage, la précarité et la baisse du niveau de vie redéfinissent ce paradoxe. Réclament-ils une «démocratie du pouvoir d’achat», faisant valoir les exigences du panier de la ménagère? Transgressant les appels identitaires, la société, dans son ensemble, est fondée sur le bien-être et le développement de la consommation. Elle se rend compte des ravages de la désindustrialisation, du déclin du tourisme et des différentes composantes de la crise économique, illustrée par la chute du dinar. Grande priorité désormais revendiquée, le statut social.
La faiblesse des nouvelles inscriptions municipales semble confirmer la défiance du peuple envers les institutions et les partis ? Annoncerait-elle un fort mouvement d’abstentionnisme ?
La défection électorale ne risque-t-elle pas d’instituer une forme de despotisme plus ou moins consenti, remis en cause par des mouvements populaires conjoncturels de protestations, tels que le sit in de Tataouine ? Cette situation exigerait une redéfinition du modèle de développement et une révision des programmes socio-économiques, en relation avec les attentes citoyennes. Wait and see.