L’accueil mardi 25 juillet en France par le Président de la République, Emanuel Macron, des deux principales personnalités libyennes, Faez Sarraj et Khalifa Hafter, dans le but de « faire progresser la cause de la réconciliation nationale », a fait naître une lueur d’espoir que le calvaire libyen va probablement toucher à sa fin dans les mois qui viennent.
En effet, à l’issue de la rencontre au château de la Celle Saint Cloud, en région parisienne, qui a réuni les deux protagonistes libyens, le Président Emmanuel Macron et le nouvel émissaire de l’ONU, Ghassen Salamé, un accord a été trouvé pour l’organisation d’élections au printemps prochain. C’est en tout cas ce qu’a affirmé le président français après la réunion.
Aujourd’hui, la cause de la paix en Libye a fait un grand progrès. https://t.co/Ek6sUxbduk pic.twitter.com/OFdb1VvX6R
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) July 25, 2017
Selon le « communiqué en dix points » lu en arabe à l’issue de la rencontre, Sarraj et Haftar s’engagent à maintenir un cessez-le-feu et à ne recourir à la force que dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Les deux hommes s’engagent également « en faveur de la construction d’un Etat de droit en Libye, souverain, civil et démocratique, qui garantisse la séparation et le transfert pacifique des pouvoirs et le respect des droits de l’Homme et doté d’institutions nationales unifiées, la Banque centrale, la Compagnie nationale de pétrole et l’Autorité libyenne de l’Investissement. » Dans le communiqué, il est aussi fait état de « l’engagement solennel d’œuvrer pour la tenue des élections présidentielles et parlementaires en coopération avec les institutions concernées et avec le soutien et sous la supervision des Nations unies. »
Reste à savoir si la réalité sur le terrain est favorable ou non à l’application des dix points de l’accord entre le général Haftar et le chef du gouvernement d’union nationale. On ne compte pas les accords conclus entre divers acteurs libyens qui sont restés lettre morte. Cet accord, conclu sous la supervision de la France, aura-t-il plus de chances d’aboutir ? La réponse dépend de la capacité de Faez Sarraj et de son gouvernement d’union nationale à maîtriser la situation à Tripoli où les milices islamistes tiennent encore le haut du pavé.
Face à leur refus de déposer les armes, la seule solution c’est de les éliminer par la force en appliquant à Tripoli le scénario de Benghazi. Le général Haftar, qui vient de libérer la capitale de l’Est libyen et récupéré « le croissant pétrolier » des mains des terroristes, ne cache pas son intention de reprendre Tripoli, dernier bastion des milices armées.
La seule chance de la Libye de sortir définitivement de la crise réside dans l’alliance entre les forces représentées par le général Haftar, d’une part, et par le Premier ministre Sarraj, d’autre part. Seule une telle alliance est capable de mettre fin au règne des milices armées qui prennent en otage la capitale libyenne.
Rappelons que la rencontre du 25 juillet en France n’est pas la première entre Sarraj et Hafter. Les deux hommes se sont rencontrés déjà en février dernier au Caire et en mai à Abu Dhabi. Mais la rencontre de ce mardi en France a plus de chances d’aboutir que les précédentes pour plusieurs raisons. D’abord, le général Haftar est dans une bien meilleure position après sa victoire éclatante dans la ville de Benghazi qu’il a nettoyée des groupes terroristes.
Ensuite la France, l’une des principales puissances européennes, qui au temps de Sarkozy avait utilisé ses moyens pour déstabiliser la Libye, semble aujourd’hui prête à utiliser les mêmes moyens pour aider à sa stabilisation. Enfin, le Qatar, principal sponsor des organisations terroristes en Libye, est désormais dans l’incapacité de poursuivre son œuvre destructrice. Objet d’un blocus de la part de ses voisins et montré du doigt sur le plan international pour son étrange soutien à des organisations terroristes sanguinaires, le Qatar n’est plus en mesure de poursuivre son aide aux milices armées encore actives à Tripoli.
Le seul risque est que le gouvernement Sarraj se dégonfle face aux milices armées et se fourvoie dans les manœuvres stériles de les amener à la raison par le dialogue. Ces milices composées de bandits et de terroristes n’ont pas leur place dans le processus politique. La seule solution, c’est de les désarmer par la force, tout en laissant la porte ouverte à ceux qui le souhaitent d’intégrer les forces armées libyennes dirigées par le général Haftar.
Sarkozy a joué un rôle déterminant dans la destruction du régime de Kadhafi et l’entrée de la Libye dans le cycle infernal du désordre et de l’anarchie. Macron réussira-t-il à réparer un tant soit peu les dégâts engendrés par le comportement criminel de son prédécesseur ?
En prenant l’initiative d’inviter Haftar et Sarraj, Macron a bien d’autres soucis en tête. La stabilisation de la Libye est d’une importance capitale pour la France pour trois raisons majeures : arrêter le flot de l’émigration clandestine à travers la Méditerranée ; couper l’herbe sous les pieds des terroristes et des trafiquants d’armes qui déstabilisent le Mali, le Niger et le Tchad et posent une grave menace pour les intérêts traditionnels de la France ; placer la France dans une bonne une position en prévision des négociations des contrats pétroliers et des appels d’offres pour la reconstruction de la Libye.
Le peuple libyen mérite cette paix. Nous la lui devons. pic.twitter.com/NaXDFgnzS5
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) July 25, 2017