Il est incontestable aujourd’hui que la situation dans nos villes laisse vraiment à désirer. Sur le plan de l’hygiène d’abord et tout ce qui est en relation avec la qualité de la vie en particulier.
Manifestement, il y a comme qui dirait un décrochage quasi collectif manifeste dans tout ce qui a trait au quotidien, d’où cette pesanteur qui altère les comportements et la manière d’appréhender les choses et cela depuis des années déjà.
Le matin, dans certains endroits de la ville, le spectacle est presque le même avec ce laisser-aller qui loin de rassurer attise une ambiance chargée de ses contradictions. L’air du temps cultive un spleen de plus en plus éprouvant.
A déambuler dans les quartiers, du centre-ville surtout, on en arrive à sentir le trop-plein des tensions décelables dans les comportements et les réactions. La mine chargée des gens, les regards évasifs et les salves de propos irrités trahissent une situation de mal-être généralisé.
Loin d’être seulement un signe furtif d’époque, cette physionomie « fatiguée » en est plutôt l’expression durable. Le temps confine au maussade et se laisse guider vers des horizons peu souriants.
En témoigne, en premier lieu, le niveau de l’hygiène dans les circuits périphériques du centre-ville. Les monticules de déchets qui jonchent certains endroits malgré l’effort manifeste des services municipaux chargés de leur levée, sont une forme de constat de cette situation bien regrettable.
Rien qu’à voir au quotidien ce spectacle désolant de tas d’ordures qui dégagent une odeur nauséabonde, l’on ne peut qu’admettre que l’on est loin de ce que l’on peut aspirer.
Ainsi, les initiatives prises en la matière pour faciliter la levée des ordures ( nouveau matériel de collecte, timing fixe de levée et l’entrée en vigueur de l’action de la police de l’environnement) ne sont pas arrivées à imposer le respect de l’ordre et à ancrer l’esprit de dissuasion. Les exemples à ce propos sont on ne peut plus édifiants.
Ce constat est à transposer au niveau d’autres pans du quotidien de la cité. Le souvenir des méfaits des étals anarchiques est encore vivace pour souligner cette dérive dans nos comportements. N’eût été ce sursaut énergique de la part du gouverneur Amor Mansour, l’on serait encore à déplorer un laisser- aller des plus moches et douloureux que l’on ait pu connaître de toute notre histoire. Après le départ salvateur des grues « libératrices », la ville s’est mise tant bien que mal à réapprivoiser quelques-unes de ses couleurs.
Mais l’œuvre est loin d’être achevée. Là, persistent ces affichages anarchiques qui balafrent nos murs et contribuent davantage à asphyxier la ville, ces parkings à la sauvette qui pullulent partout et ces files interminables de voitures garées qui longent de part et d’autre la chaussée des rues, laissant à peine un espace exigu pour la circulation.
Et puis, il y a ces stations improvisées pour les véhicules de transport collectif qui saignent à blanc la qualité de la vie au niveau de nombreux endroits de la ville ( place Mongi Bali, place Bab Jazira..). .
Tout ceci sans compter cette razzia de tags de tout acabit qui investit nos murs. Des motifs et des formes de tout genre et de contenu divers. Schémas, écriteaux, gribouillages et des slogans même se disputent les espaces. L’imagination des tagueurs est sans limites. Du message à connotation politique aux armoiries crachées à la va-vite en passant par les formules abracadabrantes que seuls les initiés dans le genre peuvent déchiffrer. Tout y est.
Un signe comme un autre de ce malaise latent qui fait désormais le quotidien de la capitale.