Fadhel Abdelkefi, ministre des Finances par intérim et ministre du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale, n’a pas tardé à répondre aux questions des députés lors d’une séance d’audition, tenue le 27 juillet, portant sur l’approbation d’un accord de prêt avec l’Union européenne (UE) d’une valeur de 500 millions d’euros.
Son discours a provoqué un tollé à l’Assemblée et a suscité plusieurs réactions, notamment sur les réseaux sociaux, mais ce sont les députés présents qui ont réagi les premiers.
Face à l’agressivité verbale de certains députés qui ont mis en cause les arbitrages budgétaires du gouvernement, le ministre a déclaré « qu’il n’y a pas plus facile que l’incivilité et l’insolence… le silence est d’or…la situation de l’économie tunisienne est catastrophique ». Ces propos ont obligé le vice-président de l’ARP Abdelffatah Mourou de rappeler le règlement intérieur de l’Assemblée et de suspendre l’audition et a convoqué les présidents des blocs parlementaires à une réunion.
Selon le ministre, qui a dénoncé les accusations et critiques qui lui sont adressées, ce prêt servira d’un appui au budget de l’Etat et surtout pour payer les salaires des mois d’août et de septembre prochains. Ce prêt, d’un taux d’intérêt de 1.5% remboursable sur 15 ans sera accordé sur trois tranches, soit une première tranche d’une valeur de 200 millions d’euros, qui sera débloquée pendant le deuxième semestre de l’année 2017, tandis que la deuxième et troisième tranches, de 150 millions d’euros chacune, seront débloquées au premier semestre de l’année prochaine.
Tirant la sonnette d’alarme sur la situation des dépenses publiques, le ministre a fait savoir que l’endettement du pays a atteint un taux record à 75% PIB. « Nous gérons la situation au jour le jour », a regretté le ministre des Finances par intérim qui a tenu un langage de vérité sur la situation économique et financière du pays.
En réponse aux questions relatives aux relations entre la Tunisie et le FMI, le ministre a indiqué que l’arrêt des principaux moteurs de la croissance, la baisse de la productivité, la hausse de la masse salariale, l’aggravation du déficit commercial…ont entre autres beaucoup impacté les équilibres macroéconomiques du pays. « Le recours à l’endettement et au FMI n’étaient pas un choix, mais une obligation pour faire face à plusieurs défis d’ordre économique et financier », a expliqué le ministre.
Malgré la gravité de la situation, Fadhel Abdelkefi demeure optimiste et a souligné que tout n’est pas perdu. » La Tunisie a tous les atouts pour réaliser une croissance à deux chiffres », dit-il.
« Faute de l’avoir clairement expliqué, le ministre, de bonne foi, exaspéré par l’agressivité et l’analphabétisme de certains députés et de certains syndicalistes, n’a pas nuancé ses propos et a envoyé, ce faisant, un très mauvais message au pays », commente Chokri Mamoghli, Docteur en finance et ancien secrétaire d’État auprès du ministre du Commerce et de l’Artisanat sur sa page facebook, les propos de Fadhel Abdelkefi.
Malgré le retour de la stabilité politique et sécuritaire, tous les indicateurs sont alarmants et ne permettent pas de s’attaquer aux problèmes de fond et d’ouvrir les grands chantiers, notamment ceux des régimes de retraite et de la situation des entreprises publiques.
Vaut mieux avoir à faire à Abdelkafi qu’au FMI, (qui est déjà sur place d’ailleurs pour donner son avis sur une situation pas très reluisante)…Pensons à ce qui est arrivé à la Grèce qui a l’Europe derrière elle, et nous qui commençons, proportions gardées, fortement à lui ressembler, nous n’avons que les yeux pour pleurer…