On présente souvent les djihadistes comme des surhommes, dotés d’une volonté inébranlable. Ces derniers auraient tendance à s’aider d’une drogue qui les rendrait invulnérables au point de ne pas sentir la douleur au combat.
Cette image relayée comme étant une réalité s’est avérée fausse, la « drogue des terroristes » semble n’émaner que de l’imaginaire.
Ce sont les conclusions d’un rapport rendu par l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT). En effet, le Captagon® (dont le principe actif est la fénétylline, de la famille des amphétamines) initialement prescrit dans le cadre du traitement de troubles déficitaires de l’attention, de la narcolepsie et comme psychostimulant dans les années 1960, a cessé d’être fabriqué en 2009 selon les données publiées par l’Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS).
La substance actuelle fabriquée clandestinement, qui porte le même nom, serait une contrefaçon du médicament originel et ne contiendrait pas de fénétylline.
Les analyses réalisées dans les différentes saisies soulignent, en effet, l’absence totale de fénétylline dans le Captagon, celui-ci ne garde que l’appellation et l’aspect des comprimés similaires au médicament anciennement commercialisé.
Les saisies réalisées de dizaines de millions de comprimés, entre 2010 à 2014 dans des pays sous haute tension tels que l’Irak, la Jordanie, le Liban et la Syrie, considérés comme des territoires de transit ou de production de Captagon, à destination de la péninsule Arabique (qui depuis 2008 constitue plus de 50 % du total saisi dans le monde), ont amené à faire le lien entre ce commerce et le terrorisme.
De plus, de nombreux témoignages indiquent que les terroristes, notamment ceux responsables de l’attaque du Bataclan, apparaissent sous l’emprise de la drogue. Or en janvier 2016, les rapports d’autopsie des corps des terroristes du 13 novembre démontraient que ceux-ci n’avaient consommé « ni stupéfiants ni alcool » avant de passer à l’acte.
Selon le rapport de l’OEDT : « Le Captagon n’a pas non plus été mis en cause dans le cadre des divers autres attentats commis depuis 2015 en France, en Belgique, en Allemagne, au Royaume-Uni, au Danemark ou en Suède. Concernant l’attentat du 26 juin 2015 en Tunisie, la présence de « drogue » a été mentionnée, début 2016, par les travaux d’une commission d’enquête britannique, sans précision sur le produit »
« L’existence d’une drogue des djihadistes est un mythe », a déclaré l’auteur du rapport, Laurent Laniel, chercheur spécialiste des marchés des drogues illicites à l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT).
Est-ce une manière de se rassurer ? D’autres explications seront sans doute apportées à cette question qui n’a cessé d’alimenter les interrogations.