La Radio Culturelle a invité aujourd’hui Aram Belhaj et Moncef Cheikhrouhou pour revenir sur les déclarations du ministre des Finances par intérim à propos de la situation des finances publiques. Décryptage.
Pour Aram Belhaj, l’Etat a la possibilité de sortir sur le marché financier local pour lever des fonds et boucler le budget. « Certes, la situation est difficile. Nous sommes en crise », dit-il.
Pour appuyer ses propos, Aram Belhaj a présenté, au cours de son passage radiophonique, des indicateurs, à savoir la masse salariale, le budget de l’Etat et l’endettement. « Doubler le budget et la masse salariale avec une faible productivité est une grande erreur », estime M. Belhaj qui considère qu’un taux de 75% d’endettement extérieur par rapport au PIB ne permet pas à la Tunisie de rembourser ses dettes.
Interpellé sur les solutions à la crise et les relations de la Tunisie avec le Fonds monétaires international (FMI), Aram Belhaj a recommandé l’entrée dans une trêve sociale pour engager les réformes.
« Nous sommes dans la conditionnalité. Nous avons perdu notre capacité dans le traçage des priorités. Les réformes du FMI ne sont pas conformes à la réalité économique et sociale de la Tunisie », a-t-il ajouté.
Pour lui, le gouvernement devrait faire face à l’importation anarchique, la dépréciation du dinar, la bureaucratie, la crise sectorielle (textile, cuir et chaussures)…
Moncef Cheikhrouhou a, pour sa part, reconnu que la situation est très délicate et que le grand perdant est le citoyen tunisien. « Je suis d’accord avec le ministre des Finances par intérim. L’avenir des futures générations est en danger. Les entreprises publiques ont de grandes difficultés parce qu’elles sont en majorité déficitaires. Sur le plan institutionnel, il faut réactiver l’instance nationale de la planification. C’est là où il faut engager le débat, livrer des conseils aux députés, imaginer des solutions. Les jeunes Tunisiens ont la capacité de planifier et d’anticiper », affirme Moncef Cheikhrouhou.
Pour lui, Il faut créer des coalitions économiques et un quartet économique parce que les coalitions politiques n’ont pas donné de résultats. Et d’ajouter que l’UGTT doit être représentée dans les comités de contrôle au sein des entreprises publiques.
« Je pense qu’il faut fixer une politique industrielle pour créer de la richesse. Les différents budgets adoptés ces dernières années ne sont pas fixés sur une vision claire et n’ont pas mesuré la rentabilité escomptée. Le PPP, le code d’investissement…sont des outils performants pour relancer l’économie nationale. La rentabilité des entreprises publiques relève tout d’abord de l’action gouvernementale », souligne Moncef Cheikhrouhou.