Les temps ont changé. Six ans après la révolution du 14 janvier 2011, le combat du pays est-il encore, n’en déplaise à certains, dans des actions qui se nourrissent à la sève d’un passé qui ne reviendra plus.
« Tunisie : la campagne « Manich Mssemah » passe la vitesse supérieure ». Notre confrère Abderrazek Krimi ne pouvait sans doute mieux titrer son papier, publié dans notre site le 28 juillet 2017, sur la détermination des détracteurs de la Loi sur la réconciliation économique et financière d’en découdre avec un texte auquel ils souhaitent faire barrage.
Même un texte revu et corrigé, qui ne concerne plus que les fonctionnaires qui auraient commis des malversations sur ordre des supérieurs, ne les satisfait pas. Les ordres sont quelquefois écrits et rédigés de la main d’un chef hiérarchique.
Combien sont-ils dans la grande masse des Tunisiens ?
Rien n’y fait. Ils tiennent bon. Certains sont prêts à aller jusqu’au bout pour obtenir le retrait d’un texte qui contrarie leurs ambitions. Sit-ins et marches sont- dit-on – au programme de ces derniers.
Combien sont-ils dans la grande masse des Tunisiens ? Peuvent-ils peser dans la balance ? Personne ne peut évidemment le dire ! Une chose par contre est sûre : les manifestations observées jusqu’ici montrent qu’il s’agit, comme le disent souvent les commentateurs, d’une minorité agissante : certaines de leurs manifestations n’ont pas rassemblé plus de 500 personnes.
Trop peu sans doute lorsqu’on sait l’effort de mobilisation entrepris par un collectif composé, selon de nombreuses sources, de 16 organisations, qui ne cesse de battre le pavé depuis 2015.
Quoi qu’il en soit, il est bon de s’interroger si le fait de ne pas amnistier, sous évidemment certaines conditions qui favorisent le retour à la communauté nationale de tous les biens spoliés, et les fonctionnaires et les hommes d’affaires est contraire aux exigences d’une population qui en a vu, depuis le 14 janvier 2011, des vertes et des pas mûres.
Avec notamment une économie soumise, quoi qu’on dise et quoi qu’on fasse, à des diktats venus d’ailleurs. Le récent discours tenu par Fadhel Abdelkéfi, ministre du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale et ministre des Finances par intérim, sur l’endettement du pays (75% du PIB) n’a-t-il pas encore convaincu certains que le combat du pays est sans doute est ailleurs ?
Seuls les grands leaders ont été capables de pardonner
Le combat du pays est-il encore, n’en déplaise à certains, dans des actions qui se nourrissent à la sève d’un passé qui ne reviendra plus. Des actions qui s’accrochent également à des visions absolutistes qui rappellent bel et bien le comportement de l’autruche. On dit que celle-ci met la tête dans le sable dès qu’elle se sent menacée.
N’y a-t-il pas, et quelles que soient les aigreurs, les colères ou mêmes les volontés de revanche, un temps pour la réconciliation ? Comment faire redémarrer l’économie sans donner confiance aux uns et aux autres pour agir, entreprendre et prendre des initiatives ?
Plus d’un responsable affirme aujourd’hui que dans l’administration des cadres de haut rang refusent de signer des décisions. De peur qu’ils soient poursuivis demain. Pour un rien. Ce qui évidemment retarde l’exécution des projets de développement.
Force est de constater, du reste, que l’histoire nous a toujours montré que seuls les grands leaders ont été capables de pardonner. Et leur pays ne s’en est que mieux porté.
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