Le Congrès américain a finalement mis ses menaces à exécution en imposant d’autres sanctions à celles déjà en vigueur contre la Russie, l’Iran et la Corée du Nord. La raison officielle est que ces trois pays menacent les intérêts américains et la paix dans le monde.
La Russie est accusée de déstabilisation de l’Ukraine et d’interférence dans les élections américaines ; l’Iran est accusé de déstabilisation de l’Irak et de la Syrie et est soupçonné de n’avoir pas abandonné son projet de se doter de l’arme nucléaire ; la Corée du Nord est accusée non seulement de constituer « une grave menace » pour ses voisins (Corée du Sud et Japon), mais aussi pour le territoire américain après que Pyongyang a testé avec succès son missile intercontinental.
A part le peuple américain qui, sans se poser la moindre question, avale tout ce que lui sert son gouvernement et le Main Stream Media, rares sont ceux dans le monde qui croient aujourd’hui à la pertinence des accusations proférées par Washington ou à leur réalité. Rares sont ceux qui croient que la Russie, l’Iran et la Corée du Nord constituent une menace pour la paix dans le monde, mais nombreux sont ceux qui croient fermement que la principale menace à cette paix est constituée précisément par les Etats-Unis. Les sondages d’opinion effectués à l’échelle internationale le prouvent. La guerre perpétuelle que mène depuis 16 ans les Etats-Unis contre les peuples du monde arabe et musulman le prouve aussi.
En fait, si la Russie, l’Iran et la Corée du Nord étaient des proies aussi faciles que l’Afghanistan, l’Irak ou la Libye, les Etats-Unis n’auraient sûrement pas pris la peine de recourir à des sanctions, mais seraient allés directement au but, c’est-à-dire le recours à la force militaire pour détruire ces régimes récalcitrants. Car l’absurdité de la politique étrangère américaine a atteint des proportions si hallucinantes que l’establishment washingtonien est fermement convaincu qu’il est en charge d’un empire devenu indispensable pour le bien et la paix du monde et que par conséquent quiconque s’oppose à la politique de cette puissance « bienfaitrice » doit être détruit.
Le plus grave est que le peuple américain dans sa grande majorité est convaincu de la véracité de ces balivernes, ce qui dispense l’establishment de rendre des comptes des crimes commis par l’armée américaine dans le cadre de sa « guerre perpétuelle ».
On imagine la frustration avec laquelle l’establishment washingtonien s’est vu obligé de recourir aux sanctions contre les trois pays en question plutôt qu’à la guerre. Une frustration d’autant plus grande que la Russie, l’Iran et la Corée du Nord se sont avérées un os dur face auquel l’establishment washingtonien s’arrache les cheveux de ne pouvoir rien faire d’autre que de proférer des menaces creuses ou d’ajouter d’autres sanctions à celles déjà existantes. Et ici il faut préciser qu’il y a des sanctions américaines contre la Corée du Nord qui sont encore en vigueur depuis plus de 60 ans ; des sanctions contre la Russie que celle-ci a héritées de l’époque soviétique et qui sont toujours en vigueur ; et des sanctions contre l’Iran qui durent depuis près de 40 ans…
Il y a quelque chose de futile dans ces sanctions américaines. Si l’on écarte la propagande américaine sur les prétendues menaces pour la paix mondiale que poseraient les trois pays et l’on va au fond des choses, on se rendra compte que le motif réel de ces sanctions est que Moscou, Téhéran et Pyongyang s’entêtent à faire passer les intérêts de leurs peuples avant ceux des Etats-Unis et refusent obstinément de se comporter vis-à-vis de Washington comme le cobra devant la flûte indienne.
Il n’y a aucune chance que le surplus de sanctions puisse contraindre la Russie, l’Iran et la Corée du Nord à changer d’attitude, bien au contraire. Les trois pays ont répondu par des défis lancés à l’Amérique qui, du coup, se trouve isolée et critiquée par ses alliés européens, notamment l’Allemagne et la France, qui lui reprochent de porter atteinte à leurs intérêts économiques avec la Russie qu’ils ne considèrent pas comme un adversaire mais comme un partenaire.
D’aucuns se demandent si les nouvelles sanctions américaines sont un simple coup d’épée dans l’eau, ou si elles ont l’effet d’un boomerang qui frappe l’Amérique en pleine figure. Si l’on considère le cas de la Russie, il n’est pas sûr que Washington ait gagné quoi que ce soit, bien au contraire. Outre la tension avec ses alliés européens, l’Amérique est sonnée par la décision de Poutine de réduire de 755 personnes les diplomates américains en Russie dont le nombre dépasse les 1000…
Voilà des dizaines, pour ne pas dire des centaines, d’espions, avec statut et immunité diplomatiques, qui font tranquillement leur travail en Russie et qui vont devoir quitter le pays, privant ainsi les Etats-Unis de précieuses informations sur les actions et les intentions du Kremlin à l’intérieur de frontières russes et au-delà…
Il faut dire que quelques semaines avant le vote du surplus de sanctions, la Russie s’est plainte du « grand nombre » d’espions américains qui arpentent les rues de Moscou et de Saint-Pétersbourg. Les sanctions ont fourni une belle occasion à Vladimir Poutine pour faire le ménage : 755 « diplomates » américains sont priés de faire leurs bagages. Et ce n’est pas tout, d’autres sanctions vont suivre, si l’on en croit les informations en provenance de Moscou.