Alors que le dialogue social et économique vient d’être lancé par le directeur exécutif du parti Nidaa Tounes, Hafedh Caïd Essebsi, suivi du chef du mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi, ce dialogue est aujourd’hui “ repris en main”. On se pose à nouveau la question, quel est l’intérêt d’en parler maintenant ? S’agit-il une stratégie pour affaiblir le gouvernement d’union nationale ?
Pour Sahbi Ben Fraj, député du parti Machrou3 Tounes, il a fait savoir que même si l’idée paraît bonne, cela n’empêche qu’elle dissimule un sens caché : « Il s’agit une fois de plus d’un nouveau round de dialogue économique et social alors que les dessous de cette proposition ont pour objectif d’orienter le gouvernement d’union nationale vers un semblant de dialogue, ciblant ainsi la création d’un nouveau gouvernement qui serait sous les commandes des deux partis au pouvoir ».
Et de poursuivre: « En d’autre termes, ils veulent mettre à genoux le gouvernement et le changer. Alors que la définition exacte du dialogue, comme l’a ainsi rappelé notre secrétaire général Mohsen Marzouk, est de soutenir le gouvernement en proposant des solutions concrètes à une sortie de la crise, mais aussi de prévenir les problèmes majeurs de l’année 2018, comme la loi de finances et bien d’autres ».
Selon lui, il faut faire attention de ne pas tomber dans le piège « parce que je pense que l’expérience de Habib Essid l’a montré qu’à travers le dialogue social et économique, il a été évincé de son poste. « Et aujourd’hui l’histoire se répète car leur unique objectif est d’écarter le chef du gouvernement d’union nationale Youssef Chahed, car cela prouve une fois de plus qu’en menant la guerre contre la corruption, cela dérange certains. Cependant, la question qui devrait être posée, pourquoi ce revirement de situation alors que le taux de croissance commence à rebondir alors qu’on est passé de zéro à 2.5 taux de croissance, tout comme nous pouvons atteindre les 2.8 voire 3 d’ici la fin de l’année », a-t-il souligné. Et de préciser: « Corriger ne veut pas dire démolir et repartir de zéro, ce serait de nouveau l’instabilité la plus totale régnant en Tunisie ».
De son côté, Ahlem Hachicha Chaker, analyste politique, a fait savoir que le chef du mouvement d’Ennahdha a lancé au cours de son intervention sur Nessma l’idée d’un dialogue économique, semble-t-il, en vue de débattre de la situation économique du pays. Elle précise dans ce contexte: « Si le but de ce dialogue est de poser un diagnostic, nous pouvons en faire l’économie. S’il s’agit de proposer des solutions, qu’attendent ceux qui en ont pour les présenter au Gouvernement ? Cela laisse croire que ce dialogue a un autre but et vise plutôt à créer l’occasion d’une reprise en main de la situation politique qui semble échapper à ceux qui s’en croient maîtres désignés ».
Elle conclut: « Il me semble que le moment est peu opportun pour cette initiative. En effet, cela va créer une distraction pour le Gouvernement au moment où il planche sur la loi de Finances 2018. Cette initiative introduit encore des incertitudes et une certaine instabilité par rapport aux intervenants internationaux, bailleurs de fonds et investisseurs. »