La population tunisienne post-révolution subit, dans sa vie publique, les tangages et roulis des acteurs politiques formels ou effectifs et agissant dans l’underground. Les citoyens sont constamment ballottés, mis à l’preuve, affectés, par les initiatives prises, sur les scènes. Traduisaient-elles des forces insaisissables, invisibles, mais bien réelles.
Faut-il les recenser ou du moins prendre des exemples ?
- critique du gouvernement d’union nationale, mettant à l’ordre du jour une compétition ministérielle, bien réelle, transgressant les appartenances politiques,
- mobilisation des nouvelles formations, contre les grands partis et appui sans réserve de la politique gouvernementale contre la corruption,
- protestations régionales fréquentes, où les revendications de développement transgressent les principes régissant l’Etat-nation.
- mutations des acteurs, dans le suivi, de la nouvelle donne,
- prise d’initiative pour réduire la compétition électorale présidentielle de 2019, occultant les difficultés du quotidien,
- multiplication des incendies, qu’on n’arrive pas à expliquer.
Dans cette actualité préoccupante, le vote à l’unanimité de la loi contre la violence contre les femmes remet, certes, à l’ordre du jour le programme moderniste de la Tunisie et parachève ses acquis bourguibiens. Mais le nombre des absences, durant ce vote, rappelle-t- il des positions rétrogrades, bien réelles ? L’initiative de l’UGTT, saluant cet acte de promotion et dénonçant les dérives quotidiennes, fait valoir son souci de redressement du pays.
Faut-il occulter les élections municipales, qui constitue bien, une date repère, dans la transition démocratique ? Cohérence ou ouverture, constitueraient le casse-tête des dirigeants, obligés d’élargir leurs assises électorales. Leurs interventions sur les médias montrent qu’ils veulent séduire tout le monde, au-delà des étiquettes et des clivages.
Alors que la contestation des « antisystèmes » renonce au bulletin de vote et se réserve le droit de se manifester dans la rue, l’actualité atteste une recomposition plus sociologique qu’idéologique. Loin d’être les représentants de nouvelles idéologies globalisantes, les nouveaux pôles politiques se meuvent en représentants de catégories sociales.