Il est question d’une probable révision de l’infrastructure, voire de l’emplacement de l’aéroport Tunis-Carthage dont la situation actuelle est arrivée, selon certains, à « saturation ». Deux hypothèses sont avancées à ce propos, soit procéder à l’agrandissement des lieux soit, à l’opposé, construire un nouvel aéroport et quitter l’actuel emplacement.
Le coût miroité pour réaliser cela tournerait autour des 3 milliards de dinars. Un tollé général chez les opposants à ce projet qui réfutent toute ébauche d’argumentation à ce propos puisque selon eux, la situation dans l’actuel aéroport est loin d’être arrivée à saturation. Au contraire, elle est à un faible pourcentage de son potentiel réel. Polémique.
La décision de construire un nouvel aéroport qui viendrait remplacer celui de Tunis-Carthage est-elle judicieuse et bien opportune, surtout dans les circonstances actuelles ?
Le sujet, du fait de la polémique- grandissante- qu’il a suscitée depuis le début de l’année en cours, est en train de diviser l’opinion aussi bien publique que spécialisée et ne cesse d’être le cadre de tirs croisés d’une véhémence inouïe. Pour certains, en effet, il semble approprié et mérite d’être abordé et réalisé. Des raisons plausibles justifient son acceptation et, par là même, sa nécessité selon ses fervents défenseurs.
Pour d’ autres, et ils sont légion, il est synonyme de contradictions s’agissant d’un projet peu convaincant. Ils y voient en fait la manifestation d’une démarche sujette à bien de doutes et donc le réfutent catégoriquement aussi bien sur le plan du fond et de la forme que celui de la pertinence et de l’opportunité. Une problématique qui, dans l’état actuel des choses, n’en finit pas de s’amplifier avec tout ce que cela implique de thèses et d’antithèses.
Cette problématique a atteint ces derniers temps son point culminant et qui risque de déboucher sur des hypothèses de positions et de réactions à effet d’onde de choc certain. Une question semble ravir la vedette à toutes celles qui concernent le sujet, sur le plan de sa faisabilité ou celui de sa praticité. Est-il approprié au jour d’aujourd’hui et donc opportun de construire un nouvel aéroport ? Autrement dit, les conditions de l’aéroport international de Tunis-Carthage sont-elles arrivées à saturation et d’une manière irréversible pour justifier la décision d’opter pour son remplacement ?
L’état des lieux et les raisons
Tout a commencé au début de l’année en cours quand le ministre du Transport a annoncé que l’Etat est appelé à trancher entre deux hypothèses concernant l’aéroport de Tunis-Carthage, soit procéder à son élargissement ou à son remplacement. Des études, a-t-il souligné en substance, ont été menées à ce propos et il s’avère qu’il serait judicieux, selon lui, d’opter non pas pour la première hypothèse mais plutôt pour la deuxième car l’actuel aéroport présente certaines limites opérationnelles du genre de son incapacité à accueillir les Airbus 380, entre autres.
Il faut rappeler à ce propos que l’aéroport Tunis-Carthage, construit en 1972, est édifié sur une superficie de 830 hectares. Il semble, à ce titre, arrivé à saturation concernant son infrastructure et son potentiel d’activités.
Pour appuyer cette thèse, il a été précisé que l’aéroport actuel ne peut accueillir plus de cinq millions de passagers par année en plus du fait de la vétusité de certains de ses équipements, des limites de son potentiel extensible et son incapacité dans l’état actuel des choses à répondre à tout ce qu’on peut attendre d’un aéroport international.
L’option d’Utique dans la région de Bizerte
L’Office de l’Aviation Civile et des Aéroports (OACA) s’est, de son côté, penché sur la question et est arrivé à la conclusion que les deux hypothèses précitées sont envisageables. L’hypothèse du transfert de l’aéroport actuel vers une région plus adaptée et donc capable d’optimiser les performances aussi bien architecturales que techniques escomptées. Deux régions ont été même proposées à ce propos. En substance, il est question en premier lieu de Bouhnach, dans le gouvernorat de Manouba et, en second lieu, d’Utique dans la région de Bizerte. Le budget qui devrait être alloué à ce projet a été estimé à 3 milliards de dinars, et ce, pour permettre d’édifier un aéroport de dimensions internationales avec des normes modernes et répondant aux exigences techniques sophistiquées. L’exemple du cas de l’aéroport de Paris-Charles-de-Gaulle qui a été construit, avec tous les atouts modernes, à 60 km de la capitale française et donc de l’aéroport d’Orly, a été présenté pour justifier l’éventualité de la délocalisation de Tunis-Carthage.
Et l’aéroport d’Enfidha
Toutes ces considérations n’ont pas dissuadé les fervents opposants à l’hypothèse du transfert de l’aéroport Tunis Carthage qui y ont vu une « aberration » du fait que le pays, jugent-ils, croule sous les dettes, ne pouvant supporter davantage de sacrifices financiers nécessaires à ce projet. De plus, ils réfutent catégoriquement la thèse de la saturation de l’aéroport actuel. Au contraire, soutiennent-ils, il y a un potentiel aussi bien architectural que technique à découvrir et à développer.
D’autres avis se concentrent sur l’hypothèse d’optimiser l’aéroport d’Enfidha qui, il faut l’avouer, est exploité bien en deçà de ses capacités. Il importe en conséquence de lui donner les possibilités idoines capables de le rendre en situation de satisfaire aux normes internationales requises.
En attendant de trancher les questions posées par ce dossier, la polémique bat son plein. Les jours prochains devraient apporter les réponses attendues ? Il faut l’espérer.