A quelque chose malheur est bon, et Nèji Jalloul l’ancien ministre controversé de l’Education nationale ne remerciera jamais assez les gars de l’UGTT, surtout un certain Lassaad Yacoubi :
Sans leur acharnement et leur flagrant parti pris, il n’aurait jamais pensé un instant qu’il se retrouverait un jour ambassadeur au pays de Johan Strauss, Metternich, et Sigmund Freud, et qui plus est, à Vienne la splendide capitale impériale par excellence sous les Habsbourg.
L’information est presque acquise et par affinité historique et religieuse, M.Jalloul s’est certainement repassé le film du double siège de la ville par les troupes de Soliman le Magnifique et leur déroute finale. On ne refait pas l’histoire. L’ancien ministre ne remerciera jamais le ciel pour ce don. Après « Layali essoud » à Tunis, « Layali al ouns fi Vienna » !
L’ami public numéro un aura toute la latitude d’observer à distance les heurs et malheurs d’un ministère de l’Education sous tutelle syndicale et qui, un peu à l’image du pays, a largement démontré qu’il était ingérable.
Après s’être cassé les dents non sans avoir tenté une énième réforme, notre fougueux archéologue va tenter d’explorer d’autres pistes pour le bien de sa chère Tunisie ; sa valise est en tout cas prête pour un défi d’un autre genre, et il le doit au Président de la République, notre diplomate en chef, qui vient de démontrer une fois de plus qu’il reste toujours fidèle à ses engagements auprès de ceux qui ont eu à croiser son chemin et ont fait partie de son cercle rapproché. Le ministre des Affaires étrangères Khémais Jhinaoui qui revient de loin, en sait d’ailleurs quelque chose et qui, à quelques variantes près, applique ce même principe dans la gestion de son département, non sans risques il est vrai même si on ne doute pas de la volonté qui l’anime pour faire le ménage dans un ministère qui se soigne, ce qui n’est pas rien.
Une ambassade de rêve dans un pays de rêve. Au pays du beau Danube bleu, ce sera bientôt la valse à mille temps pour Nèji Jalloul. Ce qui n’empêche pas une certaine réserve face à un déjà-vu même s’il n’y a aucune commune mesure avec un passé récent et que l’on peut heureusement s’en réjouir.
En tout cas, et en ce qui me concerne, je vous l’ai bien dit : ce n’est ni aujourd’hui, ni encore moins demain, que les pratiques clientélistes vont disparaitre de sitôt même si, en diplomatie, les nominations politiques à certains postes diplomatiques sont un usage courant mais à échelle très réduite, et ce, pour ne pas faire ombrage aux gens de la maison et à l’évolution de leur carrière.
Bien sûr, M.Jalloul est loin de se faire des états d’âme à ce propos. Le fait qu’il soit un recyclé comme d’autres parmi ses collègues du gouvernement ou du Nida qui l’ont été avant lui, ne le gêne nullement ; et rien ne dit qu’il sera le dernier de la liste; une nomination qui reste à confirmer officiellement et qui se situe dans le sillage du dernier mouvement des chefs de missions diplomatiques et consulaires qui a fait cette fois-ci la part belle aux jeunes, et c’est tant mieux.
A Tunis, notre ministre a fait valser tout le monde à sa manière jusqu’à en perdre et l’haleine et son poste. à Vienne, on doit s’attendre à ce qu’il démontre autre chose que cette propension à vouloir montrer qu’il a toujours raison et que les autres ont tort. On ne doute pas qu’en tant que professeur d’archéologie qui a le sens de l’histoire, il saura faire les fouilles nécessaires pour aller dans le sens de l’autre histoire, celle de son pays.
Avec la diplomatie gastronomique, M.Jalloul devra aussi s’accommoder de la diplomatie musicale et il doit certainement connaître la danse. S’il ne l’a pas encore fait, il doit tout de suite s’y essayer. Ah, j’ai failli oublier : savez-vous que Vienne est jumelée avec Istanbul l’ancienne capitale de l’Empire ottoman ?
Ennemi d’hier, ami d’aujourd’hui, notre ambassadeur fraîchement embarqué a certainement tout lu sur sa future destination. Après avoir dansé intra muros avec les loups, on attend de lui autre chose. Alors, attention à la marche !