Soixante-et-un ans après la promulgation du Code du statut personnel, les acquis de la femme consacrés par la première Constitution du temps de Bourguiba et celle du 27 janvier 2014 ne diffèrent pas beaucoup, si ce n’est pour la grande avancée qui vient de tomber dans l’escarcelle du Code du statut personnel : la loi sur l’élimination de toute forme de violence à l’encontre de la femme et qui vient d’être adoptée à l’unanimité. Avec cette loi, la Tunisie est sous le feu des projecteurs aussi bien à l’échelle nationale qu’ internationale.
Cependant, il reste à l’évidence d’autres batailles à gagner comme celle de l’égalité devant l’héritage, un sujet d’actualité qui fera encore couler beaucoup d’encre. Qu’en pensent les principales intéressées ? C’est dans le cadre d’une série d’interviews à l’occasion de la fête de la Femme que leconomistemaghrebin.com a donné la parole aux femmes tunisiennes. Ces wonder women quels que soient leur place dans la société ou leur niveau d’instruction, chacune d’elles a exprimé son émotion, ce qu’évoque pour elles le 13 Août et quel message souhaiteraient-elles transmettre. Elles sont chefs d’entreprise, politiciennes, députées, athlètes, étudiantes, attachées de presse, hauts cadres dans un métier d’homme, elles ont tout pour réussir grâce à leur détermination. Elles ont autant de champs d’action pour que les choses bougent et aillent dans le bon sens.
Avec sa force de caractère, Dalenda M’Hamdi Mekki a atteint le plus haut niveau de responsabilité au poste de directeur de bureau du président de la Chambre de commerce et d’industrie de Tunisie, avec 18 ans de carrière à la clé. Sa réussite, elle la doit à sa famille et à son mari qui a cru en elle.
Elle nous confie : « Le 13 août est une référence, même si chaque jour est un nouveau combat pour les femmes tunisiennes. Cela dit, si nous avons réussi ou si nous sommes arrivées là où nous sommes, c’est aussi grâce à l’appui des hommes, du moins ceux qui croient en la force de caractère, à l’endurance de la femme tunisienne. Nous sommes des battantes. L’échec au lieu de nous décourager nous pousse à nous surpasser, nous sommes devenues une force pour le pays. En somme, nous sommes des lionnes”.
Son engagement, « aimer c’est agir. Tout comme il ne suffit pas d’être lucide , il faut être honnête”. Ce sont les convictions de Dalenda, positiver pour aller de l’avant, comme se projeter dans le poste de conseiller du Chef du Gouvernement ou celui du Chef de l’Etat, ou ministre de la Communication.
Depuis le 14 janvier, la société civile n’a de cesse de se mobiliser pour sauvegarder les acquis de la femme. Pour Ibtissem Jomâa, présidente de l’association “Nabedh el waten”, le 13 Août, c’est l’occasion de rendre hommage au père fondateur de la Tunisie moderne, à ce visionnaire hors pair qui a cru en nous, à travers son CSP. Sans lui, nous ne serions pas là aujourd’hui, plus d’un demi-siècle après », a-t-elle déclaré.
Et de poursuivre: » Même si nous avons acquis des droits économiques, mais sur le plan politique, beaucoup reste à faire car nous n’avons pas encore atteint les 50% en termes de représentativité au Parlement ».
« Si j’avais un message à transmettre au gouvernement, je dirais qu’il ne suffit pas d’adopter des textes de loi, il faut aussi pouvoir les mettre en application. Car les femmes ne doivent pas être de simples figurines lors des campagnes électorales, elles doivent arracher leur place pour être au premier rang. Cela dit, ce ne serait pas mal non plus si on accordait le congé de paternité, cela permettrait d’agir sur la discrimination indirecte qui pèse malheureusement sur les mères, car ce sont elles qui sont les plus impliquées, notamment dans les contraintes domestiques et professionnelles », conclut-elle.
D’autres comme Azza Besbes, escrimeuse ayant obtenu la médaille d’argent aux Championnats du monde d’escrime, connue pour sa ténacité,
nous confie sa fierté d’être Tunisienne parce le succès de la révolution tunisienne est surtout dû aux femmes tunisiennes. « Dans mon domaine, les battantes telles Habiba Gheribi et Sarra Besbes qui gagnent des médailles olympiques, sont des exemples à retenir. En ce 13 Août, je tire mon chapeau à la femme tunisienne pour tout ce qu’elle a accompli et ce qu’elle accomplira encore. Merci infiniment”, conclut-elle.
Indéniablement, le 13 Août met du baume au coeur de toutes les Tunisiennes qui ont démontré qu’impossible n’est pas tunisien.