Comment sortir du piège de l’endettement et du déficit budgétaire? Comment sortir de la situation économique qui demeure grave? Comment financer le budget 2018? Telles sont les interrogations sur lesquelles Moez Joudi, président de l’Association tunisienne de la gouvernance (ATG), nous a esquissé quelques solutions qui semblent, d’après lui, les plus radicales.
M. Joudi a annoncé que le budget de l’Etat pour l’exercice 2018 serait de l’ordre de 37 milliards de dinars, dont 16 milliards de dinars alloués à la masse salariale représentant environ 14,3% du PIB, soit un record mondial, 8,5 milliards de dinars pour le service de la dette et 6 milliards de dinars pour les dépenses de la compensation.
Quant aux recettes fiscales, elles seraient aux alentours de 24 milliards de dinars. De ce fait, environ 13 milliards de dinars seraient sous forme d’endettement. Ce gap reflète, selon ses dires, que la dette sera intenable en 2018.
Pour cette raison, M. Joudi a préconisé de chercher des solutions radicales visant à maîtriser les dépenses publiques, c’est-à-dire celles de la compensation et de fonctionnement, ce qui est complètement inacceptable selon l’UGTT, et maîtriser la dette, ce qui est aussi impossible dans la conjoncture économique actuelle.
Egalement, opter pour l’élargissement de la recette fiscale n’est pas la solution fiable parce que la pression fiscale est déjà de l’ordre de 22%, ce qui est un taux considérable. L’augmentation prévue de 1% du TVA n’est pas ainsi une solution parce qu’elle va toucher de nouveau le contribuable et la consommation en tant que moteur de croissance.
C’est pourquoi , Moez Joudi a affirmé qu’il importe de trouver d’autres solutions. Pour ce faire, il a recommandé d’opter pour la privatisation d’environ de 5 à 6 entreprises publiques, à savoir la SNDP, une des trois banques publiques, la RNPA…Sachant que le Maroc et l’Algérie ont déjà privatisé le secteur du tabac et ont recueilli les fruits de cette privatisation.
Pour le cas de la Tunisie, il a précisé que ce secteur pourrait rapporter entre 1,5 et 2 milliards de dollars dans les caisses de l’Etat, et renflouer par conséquent les avoirs en devises, augmenter les ressources propres, améliorer la gestion de l’entreprise, mieux organiser le secteur, gagner plus de taxes….
Notre interlocuteur a ajouté que la privatisation, qui aboutira à la création d’emplois et au développement des entreprises et un gain de 5 à 7 milliards de dinars au niveau des recettes propres de l’Etat, est actuellement possible tant que la situation est encore maîtrisable. Il faut donc poser immédiatement ce débat.
Au final, il a recommandé de mettre en œuvre la réforme de la fonction publique afin de maîtriser la masse salariale et limiter le nombre des fonctionnaires qui est à ce jour estimé à 813 mille, et la réforme fiscale pour améliorer les recettes fiscales, lutter contre l’évasion fiscale, réviser le régime forfaitaire, contrecarrer le commerce parallèle…