Durant ces six dernières années, la Syrie a connu les atrocités commises par les organisations terroristes comme Daech, Al Qaida qui ont dévasté le pays, faisant des milliers de morts. Faire la lumière sur les réseaux d’envoi de jeunes Tunisiens dans les zones de conflit, tel est est l’objectif principal du déplacement récent d’une délégation parlementaire tunisienne en Syrie.
La délégation a déclaré avoir rencontré le Président syrien Bachar el Assad et des responsables syriens, lors d’une conférence de presse à l’Institut des politiques publiques du parti Machrou3 Tounes.
A l’issue de cette rencontre, Mbarka Brahmi, députée du Front populaire et membre de la délégation, a souligné: « Nous lui avons exprimé l’importance de rétablir les relations diplomatiques entre les deux pays pour renforcer l’échange de renseignements concernant les réseaux d’envoi des jeunes Tunisiens dans les zones de conflit ». Evoquant ainsi l’absence d’échange de renseignements entre les deux parties, Mme Brahmi a rappelé que, durant la période 2012-2014, le ministère de l’Intérieur n’a fait aucun effort dans ce sens pour connaître qui est derrière l’envoi des jeunes Tunisiens.
Mme Brahmi a insisté sur l’importance de la reprise des relations diplomatiques avec la Syrie qui, à travers l’histoire, étaient uniques. Tout comme elle regrette d’avoir rompu cette tradition, même si le consulat existe toujours, mais c’est loin d’être suffisant.
Quelles sont les conclusions à tirer ?
D’après Leïla Chettaoui, députée du parti Machrou3 Tounes, membre de la commission d’enquête sur l’envoi des jeunes dans les zones de conflit, elle a mis l’accent sur l’embrigadement des jeunes, qui, selon elle, étaient, à un moment donné, sous l’influence des médias étrangers, comme al Jazira et al Arabia et bien d’autres qui n’hésitaient pas à montrer des scènes horribles d’enfants tués, sans parler du reste.
Et de poursuivre: « Alors que pour d’autres, ils ont été approchés dans des mosquées par un recruteur syrien nommé Abou Ahmed qui leur a parlé de la Syrie. Une fois l’endoctrinement fait, il y avait un passeur qui leur facilitait le passage à travers la frontière avec la Turquie. Ces jeunes embrigadés n’ont pas de niveau d’instruction. Certains d’entre eux n’avaient même pas de carte d’identité nationale comme le cas du berger, ou un prisonnier de Gabès, qui a bénéficié de l’amnistie durant la Troïka ». Elle ajoute: “ Ces jeunes n’avaient pas d’argent. D’ailleurs quand ils sont passés par l’aéroport Tunis-Carthage aucune question ne leur a été posée. Mais normalement, à un jeune de 18 ans on lui pose la question quelle est sa destination, par qui va-t-il être reçu ?”.
Sur un autre volet, interrogé sur le discours récent du Président de la République, qui a évoqué la partie syrienne, Mme Chettaoui l’a qualifié d’ extrêmement positif sur le plan de la Syrie. Elle conclut: « Il faut le plus tôt possible mettre en place une commission mixte entre la partie syrienne, les services de renseignement syrien et tunisien afin de travailler ensemble sur la question de l’envoi des jeunes en Syrie et je suis certaine qu’à ce moment là, le voile sera levé sur les cellules dormantes qui sont encore en Tunisie ».