Le développement de la crise économique a créé une conjoncture politique d’embarras. Mise à l’épreuve du «gouvernement national», sa contestation par son parti d’origine est relayée par l’attitude critique des formations politiques, de soutien.
De fait, alors que Nidaa Tounes est abandonné par ses fondateurs, Ennahdha est l’objet d’une démarcation géopolitique entre ses composantes. A la veille des élections municipales, les citoyens paraissent peu enthousiastes à faire valoir leurs choix, déterminer la politique régionale et locale et jouer leur rôle d’acteurs.
Dans ce contexte de «laisser aller», de retrait de fait de la vie politique post-révolution, la situation paraît inquiétante, vu le repli des politiques, la baisse du pouvoir d’achat et l’absence de perspectives. L’initiative prise par le Président Béji Caïd Essebsi, en vue d’engager l’égalité devant l’héritage, constitue un vrai retour du politique, pour restituer le débat fondateur du «printemps tunisien», engager un dialogue national et mettre à l’ordre du jour le retour à l’itinéraire bourguibien, de progrès, d’ouverture et de mutations sociales. La nouvelle donne implique évidemment un repositionnement des forces politiques, une clarification des alliances, en relation avec les nouveaux enjeux.
Temps fort, il remet en cause, à plus ou moins brève échéance, l’alliance Nidaa/Ennahdha, suite à la rencontre de Paris, qui a transgressé la démarcation géopolitique, dénaturant ses partis fondateurs. Retour à la case départ, les deux mouvances retrouveraient leur discours fondateur, leur projet de société. Prenons la juste mesure de la dynamique qu’ils mettraient en œuvre. Les tendances de la conjoncture confirment ce rappel à l’ordre des fondateurs, au-delà des «silences», des positions inavouées, qui caractérisent les acteurs politiques, dans une conjoncture internationale, plutôt favorable à la clarification des positions.
Dans le suivi de son initiative, le Président Béji Caïd Essebsi serait vraisemblablement le maître d’œuvre de la formation du gouvernement nouvelle formule, susceptible de répondre à la nouvelle conjoncture.