L’agence internationale de notation Moody’s a dégradé la note souveraine de la Tunisie de Ba3 à B1 en maintenant les perspectives négatives, et ce, en raison de l’emballement des déficits budgétaire et courant, des dysfonctionnements dans le système fiscal et les retards pris dans le programme de mise en œuvre des réformes convenu avec le Fonds monétaire international (FMI).
L’enseignant-chercheur Dr Aram Belhadj a rappelé, dans une déclaration accordée à leconomistemaghrebin.com que l’agence internationale de notation évalue les pays dans le cadre de leurs recherches ou suite à la demande d’un investisseur désireux d’investir dans un pays particulier, ou pour un Etat qui envisage de sortir sur les marchés internationaux. Cependant, la particularité de Moody’s est que cette agence s’intéresse principalement de la capacité de remboursement des pays.
Expliquant la dégradation en question, Aram Belhadj a fait savoir qu’il s’agit d’un passage de la perspective spéculative à la perspective très spéculative, « ce qui est très inquiétant d’ailleurs », nous confie-t-il.
Rappelant les raisons pour lesquelles l’agence internationale de notation a dégradé la note souveraine de la Tunisie, Aram Belhadj a cité : le déficit budgétaire qui a atteint 6% et le ralentissement des réformes.
Expliquant les raisons pour lesquelles Moody’s a gardé la perspective négative, Aram Belhadj a indiqué que l’agence considère que les réserves de change de la Tunisie sont faibles, que la dépréciation du dinar ne cesse de s’aggraver et l’endettement a atteint des niveaux inquiétants.
Pour notre interlocuteur, le gouvernement tunisien ne doit tergiverser et prendre les mesures nécessaires. En premier lieu, il faut reconnaître que le pays passe par une période difficile : « Il faut arrêter d’espérer de réaliser de très bons taux de croissance », dit-il. Sous un autre angle, il a considéré qu’il faut mettre en place une stratégie claire de lutte contre la corruption et la contrebande.
Dans la même perspective, l’économiste a recommandé la mise en place « d’une loi de Finances correcte qui tienne compte des contraintes de la Tunisie et qui redonne espoir à la société, en même temps », dit-il.
A travers cette loi de Finances, il faut ouvrir le dossier de la caisse des subventions, juguler la dépréciation du dinar, réduire le déficit commercial, augmenter les recettes fiscales et non-fiscales. Dans le même contexte, notre interlocuteur a recommandé l’accélération des réformes recommandées par le FMI : « L’exécution des réformes doit se faire dans le cadre d’un dialogue entre le gouvernement et les partenaires sociaux. Quant aux entreprises publiques, il faut les traiter au cas par cas », précise-t-il.