Le remaniement ministériel tout le monde en parle depuis un certain temps mais nous ne voyons rien venir. Le Chef du gouvernement semble convaincu de sa nécessité en déclarant récemment : « Il est temps de parler de remaniement ».
“Il semble évident qu’il y a nécessité d’une refonte totale de l’équipe gouvernementale”, affirme Ahlem Hachicha Chaker, analyste politique.
Elle déclare dans ce contexte: “ Les deux partis de la coalition Nidaa tounes et Ennahdha semblaient réclamer cette recomposition gouvernementale depuis quelques mois afin d’écarter des alliés politiques devenus inutiles à leurs calculs”.
Elle ajoute: “ Ennahdha semble toutefois revenir sur sa position, effrayée par l’intention déclarée du Chef du gouvernement de remettre tous les compteurs à zéro à travers une évaluation objective de tous les membres du gouvernement. Le parti islamiste fait un rétropédalage total sachant que cette évaluation vise son secrétaire général, Zied Laadhari”.
Cependant le Chef du gouvernement aura-t-il les mains libres pour recomposer une équipe compétente ? A cette question, Mme Chaker souligne que le Chef du gouvernement devra tenir compte de certaines contraintes: quelles formations politiques soutiendront ce nouveau gouvernement? Quelle marge d’action aura-t-il au sein de l’ARP ? Quels équilibres prendre en compte dans la perspective de la loi de Finances qui se prépare?”
Et de poursuivre: “Un autre élément semble devoir influencer le choix auquel fait face Youssef Chahed. Il s’agit des élections municipales à venir. Si la date du 17 décembre est maintenue, cela forcerait les acteurs politiques, à part Nidaa Tounes et Ennahdha, à réorienter leurs priorités et leurs enjeux par rapport à leur soutien au Chef du gouvernement”.
Elle conclut : “Or, ce soutien semble utile à Chahed dans le sens où il lui offre une certaine latitude dans ses relations avec les alliés Nidaa/Ennahdha. Sauf que la confirmation de la date des élections dépend du Président de la République, Béji Caid Essebsi, qui se retrouve encore une fois maître de la situation. Le remaniement est donc suspendu à cette décision et le bras de fer silencieux est retardé jusqu’au délai légal de signature par le Président du décret de convocation des électeurs, c’est-à-dire le 9 septembre 2017.”