Nos finances publiques semblent de l’avis des spécialistes s’éloigner de plus en plus de la moyenne viable.
La crise est bel et bien installée au niveau de nombreux pans de notre économie et il est devenu à la limite de mise d’en parler au présent tout en gardant un œil sur l’avenir, un avenir qui, si rien entre- temps n’est entrepris pour redresser la barre, s’annonce non sans tristesse. Rien n’y fait et ce ne sont pas les quelques éclaircies au niveau de certains secteurs qui vont changer la donne.
Les indicateurs, toutes références confondues, s’allient pour souligner, chaque jour davantage, la gravité de la situation. L’ardoise du déficit financier est tellement lourde que les remontées de pente, que ce soit du tourisme et de la production de phosphate, font piètre mine dans le tableau général de notre économie.
La masse salariale imposante dans le secteur public étouffe nos capacités et hypothèque sérieusement l’avenir, d’où l’impératif d’amortir du mieux que l’on peut le choc financier que subissent nos caisses, déjà mises à rude épreuve par l’absence de ressources et d’alternatives
Cela a été en grande partie l’une des causes directes qui ont amené au récent remaniement ministériel qui, loin de faire l’unanimité autour de lui, a tout de même retenu l’attention en raison justement de la situation critique à laquelle le pays est arrivé et des impératifs de l’heure sur le plan politique, économique et social. Un remaniement par désespoir de cause ? Incontestablement. On fonce ou rien. On fonce vers une des solutions de plus en plus avares et des horizons moins sévères.
Le nouveau gouvernement n’a pas d’autre alternative que de servir de locomotive à l’espoir, et ce, du moins, pour réduire les écarts et préparer un tant soit peu la reprise économique qui, il faut bien l’avouer, n’a jamais été loin de nos possibilités. Il devra agir, selon toute vraisemblance, dans une logique du tout ou rien.
Autrement dit, réussir la mission qui est la sienne, en l’occurrence trouver des solutions idoines à des problèmes chroniques, non pas pour les résoudre – ce serait utopique dans l’état actuel des choses, la précarité de la conjoncture et les moyens dont il dispose – mais pour ouvrir des voies qui puissent redonner de l’espoir aux Tunisiens.
Voilà essentiellement ce qui lui est demandé. Et c’est pour cette raison que Youssef Chahed, sachant pertinemment que c’est la dernière chance, qu’il a considéré- et l’a dit clairement- que ce gouvernement est « un gouvernement de guerre ». L’allusion est on ne peut plus claire et il ne s’agit plus de badiner sur les choix à faire, les stratégies à choisir et les voies dans lesquelles il faut s’engager. Les choses sont claires et il est à parier que le travail du gouvernement sera loin de tout repos.
Mais, une question s’impose. Aura-t-il les moyens nécessaires pour relever tous ces défis ? Des voix s’élèvent non pas pour répondre par la négative mais du moins pour jeter un bémol à propos des capacités et des objectifs mis en exergue. D’ores et déjà et selon le nombre des chantiers ouverts ou ceux à ouvrir sur le plan économique, il semble conséquent de jeter du lest et de s’astreindre à une appréciation relative aussi bien des possibilités que des moyens dont dispose le nouveau gouvernement.
La route vers une sortie de crise a connu ces dernières années une telle déviation dans tous les domaines qu’il peut sembler, à la limite, illusoire de la rectifier. Ramener un tant soit peu la trajectoire à une allure supportable serait une prouesse pour le moment. Voilà l’essentiel de la mission du nouveau gouvernement.
Eviter le pire qui guette notre réalité et faire en sorte que la croissance puisse être relancée, est-ce du domaine du possible ? Les jours prochains avec l’annonce du programme du nouveau gouvernement nous le diront..