«Diplomatie économique : réalité et perspectives», tel est le thème du déjeuner-débat organisé, aujourd’hui, par la Conect International et le ministère des Affaires étrangères, présidé par Tarek Chérif, président de la Conect, Ahmed Ounaies, ancien ministre des Affaires étrangères, Tahar Sioud, président de l’Association tunisienne des anciens ambassadeurs et consuls généraux ainsi que des experts en la matière et des opérateurs économiques.
A cette occasion, Tarek Chérif a annoncé qu’en Tunisie il reste beaucoup à faire au niveau international. «Quand on parle des exportations, on est convaincu qu’on peut faire beaucoup plus de ce qu’on a pu faire jusqu’à présent. Parce que la Tunisie jouit d’une bonne réputation au niveau de certains continents, notamment le continent africain».
Pour cette raison, il a affirmé qu’il faut transformer ces atouts en opportunités via une extension de marché local vers l’international pour créer de la richesse, de l’emploi et de la croissance.
Pour ce faire, il faut, selon ses dires, tout d’abord comprendre les problématiques de la Tunisie, essayer de faire un vrai diagnostic de la situation actuelle et élaborer toutes les conditions qui peuvent donner à la Tunisie et aux opérateurs économiques tunisiens la possibilité d’être plus performants et de faire beaucoup plus de ce que nous faisons.
De son côté, Ahmed Ounaies a fait savoir que la coopération avec l’Afrique figure parmi les 14 priorités fixées par le ministère des Affaires étrangères au niveau de la politique extérieure de la Tunisie.
Dans ce cadre, la Tunisie a opté pour entamer une nouvelle ère de coopération de qualité basée sur le principe gagnant-gagnant avec l’ensemble de nos partenaires sur le continent, préparer nos opérateurs économiques à une action d’envergure visant les marchés du continent et ouvrir de nouveaux postes diplomatiques sur ce continent : trois raisons pour envisager avec espoir l’adoption d’un plan Afrique, fruit d’un effort commun entre les acteurs politiques et économiques.
Il a estimé, ainsi, que l’année 2017 marque un tournant avec l’ouverture des ambassades tunisiennes d’Ouagadougou et de Nairobi et l’adhésion aux deux ensembles économiques COMESA et CEDEAO.
En plus de sa coopération politique, la Tunisie est en mesure de développer par elle-même sa part de coopération économique et commerciale au sein des pays africains.
A cet égard, des commissions mixtes se tiennent périodiquement avec les pays africains partenaires auxquelles il est utile d’associer, à la préparation des sessions, les organismes représentatifs et les opérateurs économiques. Il demeure important de leur offrir la possibilité et les moyens de participer directement au cours des travaux et aux échanges relatifs à l’agenda qui les concerne.
Une telle mesure accroît, selon M. Ounaies, la confiance des acteurs économiques dans leur démarche auprès des pays partenaires et contribue à encourager l’initiative et à lever les obstacles.
Dans le même sillage, Tahar Sioud a précisé que la Tunisie, un pays initiateur du printemps arabe, qui a mis en quelque sorte le Monde Arabe en évolution voire en effervescence, peut se prévaloir en tant que lien entre les différentes régions (l’Europe, l’Afrique et l’Asie) vu qu’elle bénéficie de plusieurs atouts géopolitiques, économiques et culturelles.
De ce fait, la Tunisie doit capitaliser sur cette image, en mettant en place une stratégie en matière de diplomatie économique. En effet, il ne fait aucun doute que l’économie est devenue l’un des champs majeurs de l’activité diplomatique.
La nouvelle approche de la diplomatie économique doit être constituée à travers la mise en place d’un réseau au sein de la diplomatie tunisienne dans le monde entier. Ce réseau pourrait, selon le responsable, accomplir les principales missions suivantes:
- Promouvoir la marque « Tunisie » pour drainer les IDE et stimuler le tourisme ;
- Accompagner les entreprises tunisiennes dans leur démarche à l’export selon leur besoin et leur profil, dès le diagnostic export complet jusqu’à l’exécution du projet dans les marchés étrangers ;
- Hisser des partenariats entre les entreprises tunisiennes et étrangères pour échanger les expériences en matière de recherche et développement et en matière de la formation professionnelle ;
- Encourager les entreprises étrangères à s’installer en Tunisie, tout en simplifiant les procédures administratives…
Cela permettra de mettre un système de gouvernance et de fixation des objectifs de performances au sein des départements économiques et des représentations diplomatiques tunisiennes.
En guise de conclusion, Tahar Sioud a indiqué que la Tunisie post-révolution doit faire face à plusieurs transformations profondes, des défis majeurs, des projets structurants… Et la mise en place d’une véritable stratégie en matière de diplomatie économique constitue l’un des défis majeurs nécessaire et urgent afin de promouvoir l’investissement étranger et l’exportation en tant que principaux moteurs de développement économique.