Le vendredi 8 septembre, la dette américaine a atteint un record absolu : elle s’élève à 20 trillions de dollars, soit 20.000 milliards de dollars, soit les deux tiers du PNB mondial. Pour être plus précis, la planète entière avec ses sept milliards d’habitants produit un volume de richesses qui s’élève à 30 trillions de dollars, et un seul pays qui compte 300 millions d’individus doit à ses créanciers 20 trillions de dollars !
Jusqu’au vendredi 8 septembre, l’Etat fédéral américain était obligé de recourir à « des mesures extraordinaires » pour ne pas se trouver dans une situation de cessation de paiement, c’est-à-dire dans un état de faillite. Pour sortir de l’impasse, il a suffi à Trump de signer le mercredi 6 septembre un projet de loi autorisant la Réserve fédérale à emprunter de l’argent pendant trois mois à hauteur de 318 milliards de dollars. Ce projet de loi a très rapidement été adopté par le Sénat le jeudi 7 septembre par 80 voix contre 17 et par la Chambre des représentants le vendredi 8 septembre par 316 voix contre 90.
Il est difficile pour le commun des mortels d’avoir une idée précise du montant faramineux de la dette américaine. 20 trillions de dollars de dette fédérale, cela veut dire une dette de 70.000 dollars par tête d’habitant. Que deviendrait la première puissance du monde si les Chinois, les Japonais, les Européens et les cheikhs du pétrole qui croulent sous des montagnes de bons du Trésor américains exigeaint leur argent ? Mais au fait, pourquoi l’Amérique en est-elle arrivée là ?
Certes, l’American Way of Life fait des Etats-Unis la puissance la plus gloutonne et la plus gaspilleuse du monde. Toutefois, le gaspillage en énergie et en produits de consommation aussi énorme et aussi constant soit-il, n’explique pas cet endettement faramineux. Le problème est donc ailleurs.
Il y a des victoires qui, avec le temps, s’avèreront désastreuses. Bien qu’il n’y ait pas eu de confrontation armée directe entre les Etats-Unis et l’Union soviétique, l’effondrement de celle-ci en 1991 et la rupture brutale de l’équilibre entre les deux superpuissances furent considérés à Washington comme une victoire américaine. Pour les Etats-Unis, la disparition de la superpuissance communiste leur a laissé le champ libre pour tenter de construire, de gré ou de force, un monde unipolaire dans lequel ils seront les seuls maîtres.
Plus d’un quart de siècle après la disparition de l’Union soviétique, compte tenu du nombre effrayant de guerres et de catastrophes engendrées par la détermination américaine d’unipolariser le monde et de le dominer, on peut dire en toute objectivité que l’effondrement de l’URSS a été un désastre pour les petits pays incapables de se défendre par leur propres moyens. En effet, si l’URSS existait encore, il n’y aurait pas eu de guerres en Irak, en Libye, en Syrie, en Ukraine, en Géorgie etc. Si l’URSS existait encore, on aurait fait l’économie de millions de morts, de dizaines de millions de réfugiés et de destructions d’une grande ampleur.
Mais ce que les Américains finiront un jour par reconnaître, c’est que la disparition de l’URSS aura été un désastre pour eux aussi. L’URSS était un véritable frein au bellicisme des Etats-Unis qui, depuis 1990 et leur première guerre d’Irak, se sont lancés dans un aventurisme militaire effréné et coûteux.
Entretenir 850 bases militaires disséminées aux quatre coins du monde et s’engager dans un cycle de guerres non-stop, déstabiliser des pays et changer des régimes, cela coûte de l’argent. Beaucoup d’argent. Une économie aussi puissante soit-elle, même si elle pèse à elle seule les deux tiers du PNB mondial, ne peut pas soutenir les guerres perpétuelles que mènent les Etats-Unis depuis la disparition de ce que le président Reagan appelait « l’empire du mal ». D’où l’endettement faramineux qui a atteint l’incroyable montant de 20 trillions de dollars. Avec du recul, force est de reconnaître que l’URSS était plutôt l’empire du bien dans le sens où, en freinant leur bellicisme, elle protégeait sans le savoir les Etats-Unis contre leur folie guerrière qui fait qu’aujourd’hui chaque citoyen américain traîne, tel un boulet au pied, une dette de 70.000 dollars.