Le premier atelier de réflexion sur «Les mécanismes de gestion et de coordination de l’aide au développement et des financements extérieurs en Tunisie» a été organisé, récemment, par la Présidence du Gouvernement via l’Instance générale de suivi des programmes publics avec l’appui du PNUD.
Y ont pris part des hauts cadres et représentants de département concernés, à savoir le ministère des Affaires Etrangères, le ministère des Finances, le ministère du Développement, de l’Investissement et de la Coopération Internationale et la Banque Centrale de Tunisie (BCT). L’ouverture de l’atelier a été assurée par Badreddine Braiki, président de l’Instance générale de suivi des programmes publics – Présidence du Gouvernement et Diego Zorrilla, Représentant résident du PNUD en Tunisie.
Depuis 2011, la Tunisie a bénéficié d’un effort conséquent de la part des bailleurs de fonds. L’aide publique au développement (APD) mobilisée par la Tunisie est composée principalement de prêts et de dons provenant d’organismes multilatéraux, de la coopération bilatérale et d’organismes non-gouvernementaux.
Selon les données de l’OCDE, sur la période 2011-2014, les versements d’APD à destination de la Tunisie se sont élevés à 4,6 milliards de dollars. Ce montant représente une augmentation d’environ 60% par rapport à la période pré-révolution (2007-2010). Toujours sur la période 2011-2014, ces versements ont représenté 2,5% du PIB tunisien.
Pour garantir l’efficacité des différents financements et réaliser le développement, des mécanismes de gestion et de coordination de l’aide au développement et des financements extérieurs s’avèrent nécessaires. Ces mécanismes intègrent plusieurs fonctions du cycle de l’aide, notamment celles relatives à l’évaluation des besoins d’aide, à la programmation et à la planification, à la négociation, au suivi et à l’exécution, à la comptabilisation et à l’évaluation de l’impact. Elle implique également plusieurs acteurs tant du côté du pays bénéficiaire que des partenaires au développement.
La mise en place d’un mécanisme de coordination de l’aide et aux financements extérieurs permet une meilleure utilisation et un meilleur suivi de ces flux reçus des partenaires au développement. Elle est devenue une urgente nécessité pour éviter la dispersion des efforts et pour permettre la réduction des divergences de points de vue, l’harmonisation des actions, la recherche d’une meilleure synergie dans les actions entreprises, et ce, à travers une concertation permanente Gouvernement/partenaires de développement, une bonne circulation et maîtrise de l’information, un meilleur suivi, une harmonisation des procédures et des modalités d’intervention des partenaires techniques et financiers, une régulation voire un ajustement des interventions des partenaires, une meilleure efficacité et un leadership du Gouvernement dans la conduite des actions d’aide.
Dans ce sens, une première réflexion sur les mécanismes de coordination et de gestion de l’aide au développement et des financements extérieurs en Tunisie s’est développée. Le gouvernement tunisien a exprimé son besoin d’avoir ses propres mécanismes qui lui permettent une meilleure prise de décision au niveau des réformes et politiques publiques. Le contexte national actuel (des réformes structurelles en cours, le nouveau Plan quinquennal de développement ….) justifie ce besoin.
Il est important de noter que des mécanismes de coordination et de gestion de l’aide au développement et des financements extérieurs existent déjà mais un effort reste à faire pour perfectionner le fonctionnement de ce système et garantir l’efficacité tant recherchée.
Suite aux discussions et échanges des différents hauts cadres et experts en la matière, une batterie de recommandations a été dressée à la fin de cet atelier.
Recommandations
Les intervenants ont été unanimes pour dire que la Tunisie a réussi la gestion de ses financements extérieurs et ses relations avec les institutions multilatérales sont de plus en plus renforcées. Il y a eu, selon leurs dires, une bonne coopération mais il demeure opportun de développer ce système et donner plus d’importance au suivi de l’aide au développement.
Pour ce faire, il faudrait :
- Assurer le lien entre les financements extérieurs et les priorités du pays en matière de développement ;
- Assurer une définition précise des différents concepts, définir la vision et la stratégie nationale de financement ;
- Garantir une coordination nationale, une coordination sectorielle et aussi une coordination avec les partenaires techniques et financiers ;
- Ancrer la culture de reporting et d’évaluation et d’analyse afin d’assurer le suivi ;
- Alléger et harmoniser les procédures mais aussi réduire les délais ;
- Proposer une architecture de coordination commune dans le cadre d’un débat plus élargi réunissant toutes les parties prenantes ;
- Définir une stratégie nationale de financement et d’aide au développement en se basant sur un diagnostic qualitatif et quantitatif profond ;
- Améliorer le cadre législatif et réglementaire existant ;
- Optimiser l’utilisation de l’aide étrangère pour réussir les réformes ; structurelles, et réaliser une meilleure croissance économique et promouvoir l’investissement ;
- Améliorer la coordination entre tous les départements nationaux concernés et entre la Tunisie et les partenaires de développement ;
- Améliorer les aspects organisationnels pour mieux cadrer avec les opportunités qui existent à l’international ;
- Mettre en œuvre une évaluation périodique en se basant sur les standards internationaux ;
- Gérer au mieux les problèmes de suivi et d’exécution…
Lors de cette rencontre, le PNUD a renouvelé son engagement à accompagner la Tunisie dans son processus de mise en place de mécanisme national de coordination et de gestion de l’aide au développement et des financements extérieurs .