Le Rapport de Davos 2017-2018 et le classement de la Tunisie établis par le World Economic Forum (WEF) ont été présentés ce matin lors d’une conférence de presse, par Majdi Hassen, directeur exécutif de l’Institut arabe des chefs d’entreprise (IACE) et Walid Belhaj Amor, vice-président.
Selon ce rapport annuel, portant sur la compétitivité mondiale, la Tunisie s’est maintenue au 95ème rang sur un total de 137 pays listés, avec un score de 3,93/10, soit un recul de 63 places par rapport à son classement dans le rapport de 2010-2011.
Au plan maghrébin, elle s’affiche à la 3ème place, après le Maroc classé 1er pays maghrébin et 71ème mondial, l’Algérie 2ème maghrébin et 86ème mondial; devançant la Mauritanie classée 5ème pays maghrébin et 133ème mondial. Sachant que la Libye ne figure pas dans le classement ces dernières années.
Au niveau arabe et africain, la Tunisie est classée à la 10ème position arabe et 9ème africaine.
De ce fait, la Tunisie a été classée dans le troisième tiers des pays retenus dans ce rapport, alors qu’elle était dans le premier tiers, il y a quelques années.
En se référant aux 12 piliers pris en compte dans le calcul de l’indice global de compétitivité, la Tunisie a été classée 84ème au niveau des exigences de base (79ème en 2016-17), 80ème pour les institutions (78ème), 82ème pour les infrastructures (83ème), 109ème pour la stabilisation macroéconomique et 58ème pour la santé et l’éducation (59ème).
Les résultats du rapport ont fait également ressortir que la dégradation du classement de la Tunisie au plan macroéconomique est due essentiellement à sa dégradation liée au déficit budgétaire (108ème contre 84ème) et à la dette publique (88ème contre 81ème).
Ainsi, le marché de l’emploi a fortement affecté son classement, passant du 135ème rang au 133ème, soit parmi les trois derniers pays listés.
Quant au marché financier et à la sophistication des affaires, la Tunisie figure respectivement à la 110ème place, contre 119ème et 98ème contre 101ème une année auparavant.
A noter que le Top 5 de cette année est dirigé par la Suisse (5,86), suivie des États-Unis, de Singapour, des Pays-Bas et de l’Allemagne.
Constats et recommandations
Au-delà de l’aspect macroéconomique, l’aspect réglementaire et bureaucratique affecte ainsi le classement de la Tunisie. «La situation est extrêmement inquiétante face à un pouvoir politique qui n’a pas les moyens de donner du souffle à l’économie tunisienne», a affirmé Walid Belhaj Amor.
Il a précisé, dans se sens, que «la corruption et le marché parallèle ont asséché le budget de l’Etat, d’où la nécessité de lutter contre ces deux phénomènes. Mais, durant ces dernières années rien n’a changé. Ceci prouve que l’Etat contribue lui-même à la dégradation économique parce qu’il est fragile et n’a pas les moyens d’intervenir sur ce cercle vicieux. L’année 2018 sera, donc, extrêmement difficile pour la Tunisie.»
De ce fait, il est à constater qu’en comparaison du classement 2016/17, il y a eu des efforts de stabilisation, mais il faut mettre en place des politiques claires et engager des réformes approfondies, a déclaré Majdi Hassen.
Il a recommandé, à cet égard, d’entamer un débat national pour la productivité et la flexi-sécurité, rattraper le retard pour les infrastructures, continuer l’assainissement des finances publiques, mettre en place une politique industrielle et développer les filières, ainsi que miser sur la durabilité et l’inclusion.
Pour ce faire, il demeure nécessaire de réformer, de prime à bord, les réformateurs c’est-à-dire l’administration elle-même, conclut M. Hassen.
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