La nuit du samedi à dimanche 1er octobre restera dans les annales de la criminalité en milieu de santé. Des individus en furie ont donné libre cours à leur colère en agressant le personnel médical et paramédical du service des urgences et saccageant le matériel. Réactions.
Ce qui vient de se passer à Sousse, plus précisément au CHU Sahloul et quelques heures après à l’hôpital Boujemla à Kairouan, traduit en fait un état extrême auquel nos hôpitaux sont arrivés depuis un certain nombre d’années. Ce n’est point aussi une exclusivité puisque la violence, dans toutes ses manifestations, fait désormais malheureusement partie de la vie au quotidien dans nos hôpitaux, particulièrement et à une cadence crescendo depuis 2011.
Le triste épisode, cette fois, de Sousse qui a eu pour scène le CHU Sahloul, dans la nuit de samedi à dimanche dernier, a défrayé la chronique d’une manière inouïe. Un individu, blessé par arme blanche au ventre s’était présenté au service des urgences de l’hôpital vers 4 heures du matin. A peine était-il pris en charge, qu’il a été rejoint par son frère et un accompagnateur qui, du coup, se sont mis à protester prétextant que ce qui a été prodigué au blessé était insuffisant. Pris d’une crise de démence subite, ils se sont mis à crier et proférer injures et menaces. Le passage aux mains ne se fit pas attendre puisqu’ils n’ont pas hésité à agresser le personnel de service, médical et paramédical et même l’agent de sécurité des urgences. Cela faisant, ils ont vandalisé et saccagé le matériel de l’hôpital et tout ce qui pouvait être à portée de main.
Le bilan qui en a résulté est assez lourd, sur tous les plans, à tel point que les présents ont eu bien de la peine à réaliser l’ampleur, et surtout la gravité, de ce qui était arrivé. Du jamais vu puisque le triste événement a été une véritable razzia digne des films d’action de Série B.
Le ministre de la Santé publique, Slim Chaker, lors de sa visite à l’hôpital, n’a pas manqué d’exprimer ses sentiments avec intensité. Une condamnation sans équivoque qui traduit la gravité des actes commis et leur sévère impact. Ses propos, diffusés sur les ondes radio, ont reproduit aussi bien l’indignation que la condamnation d’un tel comportement qui ne peut en aucun cas être toléré. «Il importe de sévir», devait insister le ministre. Et de poursuivre : «Qu’ils soient punis! La place des criminels est la prison! Les ministères de l’Intérieur et de la Défense doivent soutenir le ministère de la Santé…Ce n’est pas tolérable ce qui arrive. La répression par le biais d’une loi spécifique est impérative. Celui qui agresse l’hôpital doit répondre de ses actes.»
S’insurgeant énergiquement contre les saccageurs et les agresseurs qui s’en prennent aux hôpitaux, il a appelé à ce que cela s’arrête une fois pour toutes, sinon les conséquences seront on ne peut plus graves sur tout le secteur. «Nous n’avons plus d’argent, ni les moyens de remplacer les équipements saccagés, ni le personnel médical et paramédical qui viendrait à quitter, suite à ce ras-le-bol collectif.» Et de conclure dans ce coup de gueule énergique : «Si de tels actes continuent, nous pourrons dire alors adieu à la santé publique ».