“L’Afrique est un continent d’avenir”, tels sont les mots prononcés par les chefs de gouvernement respectifs tunisien, français et burkinabé . Cette année, les Rencontres Africa 2017 ont lieu dans trois capitales simultanément: Abidjan, Nairobi et Tunis. Le choix de ces métropoles souligne la vision globale du “Tout Afrique”. Un mot d’ordre: quels sont les grands enjeux du continent, des politiques publiques, régionales et nationales?
Le Chef du gouvernement, Youssef Chahed, a souligné, lors de son allocution: « Votre présence témoigne de notre volonté commune de consolider davantage nos liens à un moment où le monde a besoin plus que jamais de solidarité, de plus d’engagement pour la promotion de la paix, du développement humain et de la prospérité ».
Et de poursuivre: « La Tunisie est fière d’accueillir ici cette édition des Rencontres Africa 2017 qui s’inscrit dans le droit fil de notre stratégie de développement ayant comme priorité le renforcement de la coopération avec l’Afrique et la France, notre premier partenaire commercial et économique. Nous avons élaboré une vision édificatrice de partenariat privilégié avec les pays africains frères afin de relever ensemble les défis du développement de ce 21 ème siècle, à savoir la santé, l’enseignement supérieur, la formation professionnelle, le tourisme, l’habitat, l’infrastructure, les nouvelles technologies et bien évidemment l’agriculture ». Et d’ajouter: “ Dans ces domaines, mon pays dispose d’une expertise avérée qu’il compte partager avec les partenaires et ce pour le bien de tous”.
Il a conclu son allocution par ces termes: « Le partenariat que nous voudrions édifier en Afrique se base sur une démarche globale et progressive. Cette année, nous avons ouvert deux nouvelles représentations diplomatiques à Ouagadougou et à Nairobi. La Tunisie est membre observateur de la communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest. Nous avons, par ailleurs, entamé des négociations en vue de consacrer notre adhésion aux marchés communs de l’Afrique orientale, une région pleine de promesses et qui constitue l’un des fers de lance à l’horizon de 2050« .
« L’exemple tunisien sert d’inspiration »
De son côté, le Premier ministre français Edouard Philippe a réitéré l’appui de la France à la Tunisie lors des Rencontres Africa 2017 qui se tiennent à Tunis les 5 et 6 octobre. La France accompagnera la Tunisie dans sa croissance économique, a-t-il assuré.
Il s’agit de sa première sortie dans le Maghreb, a fait savoir Edouard Philippe. Il déclare à ce propos : « C’est la première fois que je me rends en Tunisie. Tout comme c’est la première fois que je découvre Tunis. D’ailleurs, je suis très heureux d’être ici avec vous ».
Et de poursuivre: « Aujourd’hui, nous affrontons les mêmes défis, car ils nous concerne tous. Citant l’attentat de Marseille, il déclare: « Les défis sont sécuritaire, démocratique, démographique et migratoire ».
Face à ces défis, il y a une réponse: miser sur le développement économique, tout en soulignant: « Si l’économie pouvait résoudre tous les problèmes, cela se saurait. Mais elle est un préalable, un prérequis ».
« Sans développement économique, sans croissance, sans emploi, sans débouché, que reste-t-il ? Le départ, l’exil, le déracinement« , a-t-il fait savoir, en faisant allusion à la crise migratoire.
Le Premier ministre français a dit tout « l’espoir » que la Tunisie incarne dans le processus de transition démocratique. Il annonce à cet effet: “L’exemple tunisien sert d’inspiration”.
Et de continuer: « Alors oui, c’est difficile. On sait que la Tunisie a des ennemis, en particulier le terrorisme islamiste qui s’oppose à la démocratie, ici comme en Europe et partout dans le monde. La Tunisie a été marquée par des épreuves, mais elle tient bon. Elle subit de fortes pressions à ses frontières, mais la Tunisie tient bon là aussi ».
Il conclut: « Ces rencontres Africa mettent en lumière la véritable sagesse celle d’une Afrique qui guérit. Préservons les réalisations concrètes au lieu des concepts. Alors soyons utiles, humbles et pragmatiques. Et créons des emplois, créons de la richesse locale. Nous créerons un avenir, nous créerons de l’espoir ».
Avec la délégation @BF_Tunisia. Entreprises françaises, tunisiennes et africaines, utilisez votre force en partage : la langue française ! pic.twitter.com/SSxKjIYrtP
— Edouard Philippe (@EPhilippePM) 5 octobre 2017
C’est dans la même journée qu’Edouard Philippe a rencontré le président de la République, Béji Caïd Essebsi, à qui il a déclaré que ce déplacement est important, parce que la Tunisie occupe dans les relations de la France une place particulière. « Les entretiens avec le chef du gouvernement ont porté essentiellement sur des coopérations économiques et avec le président de la République nous avons évoqué à la fois l’amitié qui lie nos deux peuples. Tout comme il a été question d’évoquer les enjeux sécuritaires, à savoir la lutte contre le terrorisme« , dira-t-il en substance au sortir de l’entretien.
Pour sa part, le Premier ministre Burkinabé, Paul Kaba Thieba, a souligné lors de son allocution « Le Burkina Faso is back« . Il s’agit d’un slogan annonciateur d’une nouvelle stratégie de développement. Il ajoute: « En une journée, on peut créer une entreprise au Burkina. Quant au capital demandé, il est passé de 100.000 frs CFA à moins de 5000 frs. En outre, le Code des investissements a été revu afin de favoriser un climat propice à l’investissement ».
Et de poursuivre: « L’espace africain et francophone est notre horizon naturel dans lequel nous devons faire face à la mondialisation« .
Rencontrée en marge de la conférence, Ouided Bouchamaoui, présidente de l’Utica, a souligné dans une déclaration à leconomistemaghrébin.com : « Le plus important ce sont les rencontres B2B avec tous les chefs d’entreprise tunisiens afin qu’ils aient une égalité des chances pour pouvoir investir dans le marché africain. Bien que nous ayons en l’occurrence des sociétés tunisiennes déjà implantées en Afrique, cela demeure insuffisant« .
Et de poursuivre: « Avec notre potentiel, notre savoir-faire, la volonté politique, l’installation des ambassades, des consuls dans les pays subsahariens, nous aurons plus de possibilité d’investir en Afrique« .
Et de poursuivre: « Il y a un besoin pour innover et construire. Les Tunisiens sont capables de trouver leur place« .
Par ailleurs, Anouar Maârouf, ministre des Technologies de la Communication et de l’Economie numérique, lui aussi fait le même constat à propos du marché africain en le qualifiant de grand marché d’investissement, car selon ses dires, l’Afrique est le continent de demain.
Il conclut: « Mais pour y parvenir, il faut penser grand avec une approche de partenariat et de coopération. Notre défi est de gagner l’investissement en Afrique« .
L’Afrique est aujourd’hui le continent de demain. Mais les enjeux sont de taille : infrastructure, santé, éducation, agroalimentaire… Il n’en demeure pas moins que c’est aujourd’hui qu’il faut investir et aller à la rencontre de l’entrepreneuriat tunisien, africain et français.
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