Andrew Murrison, envoyé du Premier ministre britannique en Tunisie et au Maroc, a accordé à l’Economiste Maghrébin (n°721 disponible dans les kiosques) une interview exclusive pour nous éclairer sur le futur des relations tuniso-britanniques, le Brexit et bien plus. Extrait…
Quels types d’arguments la Tunisie doit-elle développer pour attirer les investissements britanniques ?
La sécurité est très importante. La Tunisie et la Grande-Bretagne ont collaboré sur ce point afin d’atténuer la menace terroriste qui pourrait rendre la Tunisie moins attractive pour les investisseurs. Le gouvernement britannique a pu changer ses recommandations de voyage vers la Tunisie, ce qui va, j’espère, permettre de booster le marché touristique local. J’espère aussi que le secteur touristique tunisien diversifiera son offre pour qu’il soit moins vulnérable et fournisse une plus grande valeur ajoutée.
J’ai apprécié la réponse du Chef du gouvernement aux préoccupations du peuple concernant le manque de transparence et la corruption. Il est vital aussi de pouvoir financer les projets d’infrastructure et de débloquer le potentiel de la Tunisie.
Comment la Tunisie peut-elle assurer la présence de ses produits agricoles sur le marché britannique ?
Au Royaume-Uni, nous n’importons pas assez de produits agricoles tunisiens. A cause de nos relations avec l’Union européenne, les consommateurs anglais ne profitent pas suffisamment des produits comme les fruits saisonniers, les sardines ou encore l’huile d’olive, qui font la force de l’agriculture tunisienne. Je pense que la Tunisie est capable de concurrencer, dans un marché ouvert, aussi bien en termes de coût que de qualité, les produits du monde entier. Un test décisif du succès des relations commerciales avec la Tunisie après le Brexit serait l’apparition, en grande quantité, des produits agricoles tunisiens en Grande-Bretagne. Et ce n’est qu’un exemple du progrès qu’on peut avoir après le Brexit.
Comment pouvons-nous améliorer notre coopération dans l’enseignement supérieur ?
La réponse à cette question porte sur deux volets : les diplômes et les compétences. D’après ce que j’ai compris, la Tunisie dispose d’un grand nombre de diplômés; mais c’est le manque de compétences qui est un problème. Au Royaume-Uni, nous sommes également dans une situation identique : pendant de longues années, nous avons mis l’accent sur les diplômes, au détriment des compétences.
La Grande-Bretagne est reconnue mondialement pour la très haute qualité de son enseignement supérieur. L’accréditation est aussi très importante pour avoir des qualifications qui soient reconnues à l’échelle internationale.
La Tunisie a été, historiquement, tournée vers la France pour l’enseignement supérieur. Mais j’ai l’impression que les Tunisiens sont actuellement à la recherche de nouveaux partenariats pour avoir de meilleures compétences qui vont propulser l’économie. J’espère que la Grande-Bretagne fera partie de ce futur, notamment dans l’enseignement supérieur.
Nous avons déjà un programme de bourses. Ce programme, bien qu’il assure une très haute qualité, souffre d’un problème de quantité, notamment en comparaison avec d’autres pays. Et le débat, aujourd’hui, est de déployer les moyens pour attirer les meilleurs étudiants dans les universités britanniques.