Elu nouveau président à la tête de l’American Chamber of Commerce in Tunisia, (AmCham), Naceur Hidoussi met l’accent sur les actions à venir, la position des Etats -Unis concernant la Tunisie. Mais plus encore, quelle sera la nouvelle image de l’AmCham ? Interview:
leconomistemaghrebin.com : Quels sont les défis à relever en tant que président de l’AmCham?
Naceur Hidoussi : Garder la même qualité de service que celle de mes prédécesseurs. N’oublions pas que l’objectif principal est de servir les membres, comme ceux du Board. Nous avons trois objectifs majeurs: continuer à encourager les sociétés tunisiennes qui veulent s’installer aux USA et vice-versa. De ce fait, nous avons préparé deux grands programmes afin de les aider à résoudre les problèmes qui bloquent les sociétés américaines qui veulent investir en Tunisie. Encourager l’investissement américain direct en Tunisie et oeuvrer à sauvegarder les liens historiques d’amitié entre nos deux pays restent nos principales préoccupations.
Qu’est-ce qui décourage les entreprises américaines à venir s’installer en Tunisie?
L’investisseur avant de venir en Tunisie vérifie ce qui se passe dans la région à tous les niveaux économique et politique et pèse le pour et le contre avant de se décider. Aujourd’hui, nous nous trouvons sans cesse dans un environnement à investissement de plus en plus concurrentiel. L’investisseur américain sera intéressé avant tout par les avantages fiscaux et s’il pourra facilement rapatrier ses gains.
En Tunisie, la pression fiscale est en hausse et est à la limite du tolérable. Ce qui rend notre destination peu concurrentielle, en matière d’investissement direct. Cela dit, je reste optimiste. Pourquoi? Quand je vois qu’en Tunisie nous avons 82 entreprises américaines qui emploient 13 000 personnes, et qui ont tout de même investi 300 millions de dinars en 2016, c’est tout de même un signe positif. Il n’en demeure pas moins qu’aujourd’hui nous avons du mal à attirer les investisseurs américains.
Quelle en est la cause?
Nous avons du mal à “marketer” le produit Tunisie. Pour la simple raison, les investisseurs sont des personnes comme vous et moi, qui lisent les journaux. Ces derniers temps, la plupart des titres à la Une ne sont pas élogieux pour la Tunisie. De plus, le climat économique, les lois à réformer, le code d’investissement ne sont plus propices à l’investissement. Et ce n’est un secret pour personne que l’année 2018 sera une année difficile vu que l’Etat a un déficit budgétaire énorme à couvrir. S’ajoute à ce tableau morose, le manque de visibilité pour les 3 prochaines années. Au final que cherche un investisseur ? Un climat propice à l’investissement, de la visibilité et de la transparence. En ce qui nous concerne, c’est donc ce manque de visibilité qui fait mal.
Quelles seront les actions concrètes de l’AmCham?
Nous signons le 6 octobre le lancement d’un nouveau programme d’export lab. Il s’agit du laboratoire d’export financé par une aide américaine de 200 mille dollars, qui inclura 45 sociétés tunisiennes dont 15 du secteur des technologies des télécommunications , 15 sociétés dans l’agriculture et 15 sociétés dans le secteur de l’artisanat. Tout comme nous insistons à ce que les managers soient des femmes et des jeunes.
Pourquoi cette condition?
S’il y avait plus de femmes au pouvoir, il y aurait moins de guerres et moins de violence dans le monde. La priorité sera accordée à la jeunesse et aux femmes. Ces sociétés doivent avoir un potentiel d’export. Nous allons les encadrer à travers du coaching par des experts américains spécialisés dans l’export afin de les former, les aider à avoir les certifications nécessaires, à commercialiser leurs produits aux USA.
Quelle est la nouveauté?
Pour la première fois, nous ouvrirons une agence de l’Amcham aux Etats-Unis. Cette agence sera pilotée par la diaspora tunisienne de toutes religions confondues. Quant à la première antenne, elle sera ouverte en Californie où j’ai passé une bonne partie de mon adolescence. En somme, ça sera un prolongement naturel des activités de l’Amcham Tunisie.
Selon vos récentes déclarations, vous avez mis l’accent sur l’importance du PPP?
Je suis un grand fervent du Partenariat Public/Privé en Tunisie, même si son lancement concret s’est fait attendre, depuis 2015 plus précisément. C’est d’une importance capitale. Cela va permettre de réduire la corruption, d’accélérer la réalisation des projets qui vont coûter moins cher à l’Etat. D’ailleurs, je cite au passage que la Tunisie a été sélectionnée pour un programme d’aide de la part du Millenium Challenge Corporation MCC , pour un montant de 400 millions de dollars , sous réserve d’approbation du Sénat américain . Si cette aide est adoptée par le Sénat, la majorité des projets retenus seront exécutés en mode Partenariat Public/Privé.
Peut-on parler d’une stratégie de coopération entre la Tunisie et les Etats-Unis?
Après la visite du président de la République, Béji Caïd Essebsi, en mai 2015 aux USA, la Tunisie a obtenu le statut de partenaire privilégié avec les USA. En juillet 2015, elle est devenue alliée stratégique non-membre de l’OTAN. Le message est clair: jamais la coopération entre la Tunisie et les Etats-Unis n’a été aussi importante. En plus de l’aspect financier, cette coopération a permis d’aider davantage nos militaires et sécuritaires pour contrer les risques terroristes qui proviennent de la frontière voisine.
Devise dans la vie?
Le succès est le fils de la persévérance.
Le mot de la fin?
Les hommes changent mais la politique de l’Amcham ne change pas.
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