Depuis des décennies, le rêve de tout Tunisien ayant un diplôme en poche est de décrocher un poste à l’étranger. Pour des raisons évidentes : outre le salaire, il y a l’opportunité de faire une carrière prometteuse. Conséquence logique du marasme que vit le pays, « fuir » à l’étranger est devenu un réflexe logique. Radiographie d’un phénomène récurrent.
Dans ces conditions, peut-on parler de fuite des cerveaux quand ces derniers risquent d’endurer un chômage endémique qui va briser leurs aspirations à une carrière gratifiante à tout jamais ? N’est-ce pas logique également que l’étranger tire profit de ce marasme pour débaucher les cerveaux tunisiens les plus brillants en leur offrant des perspectives de carrière mirobolantes ?
Selon les statistiques de l’année 2015 de l’Office des Tunisiens à l’étranger, 115.155 cadres et 57.418 étudiants tunisiens sont actuellement à l’étranger. La France est le premier pays recruteur des Tunisiens : 63.127 cadres et 32.725 étudiants tunisiens, soit plus de la moitié de la diaspora intellectuelle tunisienne se trouvent dans l’Hexagone.
En fait, la France n’est plus désormais leur seule destination, il y en a d’autres comme le Canada et l’Allemagne qui reçoivent respectivement 12.700 et 12.180 éléments brillants. Alors qu’aux Etats Unis, on compte déjà 2.015 cadres tunisiens.
C’est pourquoi, améliorer l’employabilité des titulaires de doctorat demeure une question cruciale, dans cette conjoncture morose, où la machine économique a besoin de cerveaux pour redémarrer et non de cerveaux en fuite.
Si on prend l’exemple des chercheurs, ils sont aujourd’hui 3000 chômeurs sur un total de 11.000 jeunes chercheurs. Autrement dit 69% des titulaires de doctorat dans la recherche sont au pilori. A noter que la migration touche à présent aussi bien les chercheurs expérimentés que les jeunes chercheurs.
Programme intégré de recrutement équitable de l’OIT
Ce programme qui est un nouvel instrument de l’OIT (Organisation internationale du travail), intitulé « Principes généraux et directives opérationnelles concernant le recrutement équitable », tend à engager la responsabilité des gouvernements afin que le recrutement réponde aux besoins du marché du travail et à assurer la cohérence des politiques nationales d’emploi, de recrutement, de migration et autres.
En définitive, la soi-disant fuite des cerveaux, est-ce un bien ou un mal ? N’oublions pas que bon nombre de nos cerveaux qui ont été happés par l’eldorado européen et qui font la fierté du pays par leurs compétences et réalisations à l’étranger, aimeraient revenir dans leur pays natal. Il ne tient qu’aux pouvoirs publics de les motiver. A bon entendeur…