Mokhtar Hammami, président de l’Instance de prospective et d’accompagnement du processus de décentralisation, a mis l’accent sur l’importance des prochaines élections municipales dans une démocratie naissante, plus de six ans après le 14 janvier. Interview :
Qui dit des élections municipales, dit élections citoyennes et non politiques…
Dans des élections citoyennes, les élus municipaux représentent des partis politiques qui vont élaborer des programmes censés répondre aux besoins de la cité mais dont les orientations sont celles du parti d’appartenance. Sauf que ces élus vivent dans le même quartier que leurs électeurs, ils vont donc prêter une oreille attentive aux doléances et attentes de la population.
Considérez vous que les citoyens seront prêts pour aller voter le 25 mars 2018 ?
Il est à signaler que les deux tiers de la population vivent depuis longtemps dans des zones municipales, alors qu’un tiers d’entre eux ne sont pas couverts par des communes, il faudra donc qu’ils s’adaptent avec le temps. Il va sans dire que les populations en cours de communalisation ont les mêmes droits que ceux qui appartiennent déjà à des communes.
Il faut relever qu’à l’inscription en vue des municipales, il n’y a pas eu l’affluence que l’on escomptait ?
Tant que les services municipaux, depuis 7 ans, ne répondent pas aux attentes des citoyens, l’intérêt de ces derniers ne se manifestera pas comme il se doit.
Plusieurs sondages ont montré la désaffection des jeunes pour ces élections, qu’en pensez-vous ?
Il est vrai qu’il y a un taux d’absentéisme des jeunes pour plusieurs raisons dont la plus principale celui du déficit de communication que ce soit de la part de l’administration ou des partis politiques qui sont responsables de cette défaillance.
Il n’empêche que si l’on souhaite changer les choses, il faut s’investir davantage dans l’action citoyenne. D’ailleurs, selon la Constitution et d’après la loi électorale, pour une liste de 6 personnes proposées, un jeune de – 35 ans doit obligatoirement y figurer. La présence des femmes est également la bienvenue. Les encouragements existent bel et bien. Il ne tient qu’aux jeunes et aux femmes de se manifester.
Peut-on assurer la neutralité des gouverneurs, des maires lors des prochaines élections?
A travers la loi, ils doivent se montrer neutres, mais dans la pratique c’est autre chose. Et c’est là où intervient la société civile pour dire halte aux dérives.